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Mon amour pour le Japon et Tôkyô
10 février 2013

Revue Génération 4 n°31 Mars 1991 - Akira, Mourir pour le Japon, Rêves d'enfants

 
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Notes liées dans mon blog : Liste articles mangas et dessins-animés


Le numéro 31 de la revue Génération 4 de Mars 1991 conserve dans mon esprit une place particulière puisque c'est la première fois que je lisais dans une revue grand public des articles consacrés aux mangas et à l'animation japonaise.

Cette revue sur les jeux vidéos nous a offert ce mois là trois excellents articles sur des mangas traduits, enfin, en français, à savoir l'immense Akira, Gen d'Hiroshima (Mourir pour le japon) et Rêves d'enfants.

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"Débarrassez vos étagères, faites place, voici venir la première BD mondiale du XXIe siècle: Akira. Une saga qui s'étire sur plus de 2000 pages. Un vrai phénomène de société au Japon; près de deux millions de lecteurs. L'histoire? 2019. Sur les ruines de Tokyo dévastée par un holocauste, Neo Tokyo, une mégapole tout aussi impressionnante, élève ses tours. Violence, drogue et état policier se déchirent la ville. Une bande de motards menée par Kaneda va se retrouver mêlée à un conflit politico-militaire dans lequel sont impliquées les plus hautes instances de Néo-Tokyo. Lors des courses, Tetsuo, un des membres du gang et ami d'enfance de Kaneda, est blessé en entrant en collision avec un petit garçon. Enlevé par des scientifiques militaires, Tetsuo transformé en cobaye va peu a peu prendre conscience du pouvoir qui le dévore. "Contacté" mentalement par Akira (que toutes les instances essayent de manipuler), il va s'échapper et tenter de le retrouver avant de ne plus contrôler ses nouveaux pouvoirs psychiques. Parti à la recherche de son ami, Kaneda va rencontrer des terroristes qui essayent de renverser le régime en approchant ce mystère Akira (que je ne dévoilerai pas). Ça a l'air simple, mais croyez-moi ça ne l'est pas et même l'auteur, Katsuhiro Otomo, a bien du mal à se dépêtrer de cette interminable et haletante saga qui dure depuis sept ans au Japon et aborde des thèmes de plus en plus philosophiques (la légende veut que ce soit Jodorowski lui-même qui ait soufflé la fin à Otomo, mais il faudra attendre au moins un an pour que le dernier volume paraisse au Japon et voir). Quoi qu'il en soit, c'est la claque! Même si à force d'en parler, le pétard est un peu mouillé, la sortie d'Akira dans un format enfin normal, cartonné et diffusé dans toutes les bonnes librairies, est un petit événement. Vous allez enfin pouvoir découvrir ce qui passionne les Japonais depuis 84 : une série si vaste et plébiscitée qu'un dessin animé de long métrage avec une première fin parabolique a été tournée en 1988. Et pour ceux qui aiment les belles images dessinées, pourquoi ne pas aller faire un tour au Japon, puis aux USA pour découvrir les secrets de fabrication de ce qui s'annonce comme un dessus grands best-sellers mondiaux et de toute façon, la première BD à réunir (non sans mal) l'Orient et l'Occident (si l'on excepte les estampes).

La BD au Japon est une affaire sérieuse. D'abord on dit manga (traduisez image drôle). Ensuite il y a plus de 3 millions de lecteurs, de tout âge et de tout sexe. Achetés comme un journal, ces pavés noir et blanc de 300 pages sont lus dans le métro ou le bus et abandonnés tout de suite après (quand je pense qu'on a du mal à les trouver en France...). Il existe même des distributeurs automatiques pour les accros noctambules ou insomniaques. Et comme dans la nature, il y en a pour tous les goûts: de la romance à l'eau de rosé au polar sexe ultra-violent en passant par l'humour gag et même un Spiderman bridé! Kodansha, l'honorable et heureux éditeur d'Akira, se définit lui-même, et sans fausse modestie, comme une compagnie moyenne, avec ses tirages moyens de 1,5 million d'exemplaires par semaine et ses bénéfices nets de 2 milliards de francs. Moyen quoi...

Akira a pour la première fois comblé le fossé culturel. Mais de quelle profondeur était ce fossé? Premier gouffre: les Japonais écrivent et donc lisent verticalement de droite à gauche. Au début, migraines et embrouilles garanties pour la VO (de toute façon incompréhensible pour ceux qui ne lisent pas le Japonais dans le texte). Il suffit en fait de les lire... avec un miroir. C'est sur ce principe physique tout bête qu'Epic, la branche adulte de Marvel, va pouvoir adapter Akira sur les marchés occidentaux. C'est ce travail-là, cette collaboration éditoriale et artistique toute bête en apparence, gui se révèle être une grande aventure. A partir des pages originales d'Otomo, des tirages photo inversés sont envoyés aux Etats Unis avec une première traduction Japonais-Anglais. C'est à New York, chez Marvel, que les bulles verticales, les onomatopées et autres cris stridents sont gommés sur ce tirage et les traits redessinés de telle façon qu'aucune retouche ne soit visible. Pendant ce temps la traduction est retravaillée par un pro du dialogue. Imaginez sa peine quand une idée s'exprime en trois mots en Japonais; il lui en faut au moins 10 en Anglais (et 25 en Français). "

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"Les corrections apportées, le texte rédigé et les bulles horizontales correspondantes, sont indiqués sur la nouvelle page. Le tout est alors envoyé au Japon pour contrôle. Une fois la totalité de ces modifications dûment visée et approuvée par Otomo ou ses honorables assistants mandatés, le paquet repart pour les Etats-Unis, direction le lettreur. Ce dernier dessine les nouveaux ballons et écrit les textes à l'intérieur. Une fois son boulot achevé et les fautes corrigées, devinez où vont les pages? Au Japon! D'autres honorables assistants vont cette fois vérifier si chaque personnage dit bien son texte et non pas celui d'un autre et si les bulles sont assez bien dessinées. C'est au coloriste de rattraper le bébé. Steve Oliff va d'abord indiquer sur des photocopies sa vision couleur de la page. Il indique les lumières, les ambiances... et renvoie le tout au Japon. Une fois l'accord donné, il peut s'attaquer à la phase informatique. En effet, le petit père Oliff, aidé de son équipe les "Olyotpics Computer Crew", s'est déjà fait un nom dans la BD américaine. Il utilise le procédé Pixelcraft couplé avec un scanner et un traitement de texte graphique pour obtenir des couleurs beaucoup plus nuancées et surtout retravailler au point par point les modelés ou les effets de lumière. Le tout, sauvegardé sur disquette, est enfin envoyé à l'imprimeur. Les chromalins sont envoyés à nouveau au Japon, pour un dernier contrôle de qualité.


Peu à peu, tous les pays viennent à Akira. L Allemagne, le Portugal, la France, l'Italie, l'Espagne ont craqué, ces trois derniers pays s'associant pour éditer deux fois par mois un magazine au format légèrement plus grand que les Comics et à la présentation quelconque. Suite à ces cafouillages la parution est devenue mensuelle, comme tout magazine qui se respecte.


Pour bien commencer l'année, Glénat nous offre donc le premier tome tant attendu de l'intégrale d'Akira. Présentée sous un format de qualité avec une maquette audacieuse, cette parution souffre malheureusement d'une traduction approximative. Quoiqu'il en soit, les 180 pages de ce premier volume plongent très rapidement le lecteur dans l'histoire qui démarre sur les chapeaux de roue. Toute la force du trait et des cadrages explose au fil des pages, et on s'attache immédiatement aux divers personnages. Un album à posséder absolument.


Pour en savoir plus sur les mangas, un fanzine semestriel, Mangazone, peut se révêler intéressant. Son adresse: Mangazone, association Saga, 68 rue Jacques Prévert, Bât. G, Appt 141, 95320 St-Leu-La-Forêt. Sinon une librairie spécialisée dans l'import et la vente par correspondance: Dangereuses visions, 81 rue de la Monnaie 59800 Lilles.

Bien qu'au Japon toutes les BD les plus appréciées fassent tôt ou tard l'objet d'une adaptation à la télé ou au cinéma (dessins animés, feuilletons ou films), Otomo était contre ce genre de vulgarisation de son oeuvre maîtresse Akira. Son scénario était trop dense, le nombre de personnages et de détails trop important, selon lui, pour être correctement adapté. Mais devant l'engouement et la pression du public, Otomo a cédé. II devient pour l'occasion scénariste, adaptateur, "designer", scripte et réalisateur d'un "film". Il ne garde que la trame de l'histoire d'Akira, ainsi que les décors, la mégapole Neo Tokyo, une ville tout droit sortie du monde cyberpunk imaginé par l'écrivain William Gîbson (Neuromancer).


L'histoire débute toujours par la destruction de Tokyo par une force inconnue. Puis, saut dans le temps, on se retrouve en 2019 dans un Neo Tokyo reconstruit sur les ruines de la capitale japonaise. Les vingt premières minutes sont d'ores et déjà d'anthologie. Une succession de cascades et de poursuites en moto au coeur d'une ville sinistre et violente. En toile de fond, une guerre de gangs sauvage, sans pitié, avec Kaneda, un des chefs et Tetsuo, son ami, gravement blessé par un enfant aux pouvoirs para-nor¬maux. Suite à cette blessure, il développe des pouvoirs psychiques incontrôlables, qui pourrait bien cette fois aboutir à la libération d'Akira, un terrible secret capable de détruire la terre toute entière. Le projet est financièrement et artistiquement si monstrueux à monter que 8 grosses compagnies japonaises (dont Bandai, Laserdisc Corporation et Kodensha, l'éditeur de la manga) se regroupent sous le nom d'Akira Comitee pour réunir les 7 millions de dollars nécessaires à la production du film. Fan de Walt Disney, Otomo fera honneur à son modèle. 160.000 dessins, soit trois fois plus que pour n'importe quel dessin animé "normal", ce qui donne une fluidité et une animation dignes d'un véritable film. Otomo n'hésita pas à utiliser d'ailleurs les meilleures techniques d'animation occidentales et les meilleurs techniciens en la matière. Avec en plus une palette de 327 couleurs dont 50 créées spécialement pour le film, le résultat est à vous couper le souffle. La bande son n'est pas en reste, alternant des périodes de calme et d'apocalypse sonore, les musiques rappelant plutôt celle d'un véritable film. A voir absolument.

L.FOX
La BD Akira - L'autoroute est éditée par Glénat"

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"Hiroshima, avril 1945. La ville vit sous l'emprise de la guer­re. L'Empereur, même s'il sait que la bataille est perdue, exige une défaite honorable. Pour ia population civile du Japon, ce comportement héroïque se chan­ge rapidement en cauchemar. Mobi­lisation des adolescents, famine, abus de pouvoir et dénonciations se succèdent, sur fond continuel de propagande belliciste. Antimilitaris­te, la famille Nakaoka va subir la haine et les tracasseries d'une popu­lace embrigadée, pour qui la voix deJ'Empereur a remplacé les opinions personnelles. Tandis que nous suivons leur lutte au jour le jour pour la survie, face à la faim et au mépris de leurs concitoyens, la des­truction d'Hiroshima se prépare... pour l'exemple! Né en 1939, Keiji Nakasawa a six ans lorsque la bombe atomique tue son père, sa soeur aînée et son frère cadet. Mar­qué à vie par cet événement, il lui consacrera la quasi-totalité de son oeuvre. En 1968, il publie Sous la pluie noire, une première vision de l'horreur d'Hiroshima, qu'il achèvera avec Soudain un jour en 1970. Puis, son récit devient autobiographique avec Mourir pour le Japon, publié à partir de 1972, qui raconte, presque au jour le jour, les quatre derniers mois que vécut sa famille à Hi­roshima avant la catastrophe. Té­moignage cru et direct, Mourir pour le Japon, malgré son gra­phisme hésitant (mais néanmoins typique des mangas japonais), est un indispensable réquisitoire contre la guerre. À lire absolument.
Darvirk RANDALK"

"La couverture l'annonce clairement, j'ai bien entre les mains le tome 1 de Rêves d'enfants, mais où est la fin! Katsuhiro OTOMO dans cette bd au dessin épuré, où la recherche dans les graphismes des décors, avec une trame onirico-policière, laisse percevoir le vide des grandes cités qu'elles soient françaises ou japonaises. L'histoire est simple, une série de meurtres inexpliqués à lieu dans une cité, les hommes en charge de l'enquête ne délaissent aucune piste et vont même jusqu'à émettre l'hypothèse d'un phénomène surnaturel. ..mais pourquoi tout révéler. L'action se situe dans trois lieux, la salle de réunion de la police locale, l'immense cité de cette banlieue japonaise et surtout point de passage de tous les enfants et seul lieu de communication et d'échange de ce microcosme : la place de la cité, sorte d'Agora des temps modernes. Tout le livre s'attache à décrire la vie de cet échantillon de civilisation, en insistant sur les maux de la société japonaise; l'angoisse des jeunes, le replis sur soi et cette non-communication responsable de toutes les rumeurs, seules informations que peuvent recueillir les policiers. L'histoire bien que banale permet à l'auteur d'exposer au travers de dessins sobres (noir et blanc) et riches en détails et grâce à des dialogues quelque-fois incohérents, toute la richesse du titre. Il illustre un univers de rêves dans un monde qui en est privé. Mais où donc est la fin

C. SLAHOUI"


Et puis, cerise sur le gâteau, une adresse postale (pas de lien Internet ni d'adresse mail à l'époque :-) ) du magazine Mangazone, référence pointue sur le sujet, et aussi celle de la librairie Dangereuses Visions de Lilles où j'ai acheté par correspondance beaucoup de mangas traduits en anglais, dans une édition US bien en avance sur la France!
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