05 septembre 2010
Liste articles mangas et dessins-animés
J'ai classé ici les liens de mes articles traitant des mangas et dessins-animés
Articles parus dans la presse française
- 1972 La B.D. japonaise - revue Phénix - premier article sur les mangas
- 1978 Goldorak - Télé 7 Jours numéro 944 du 03 juillet 1978
- 1979 Article sur Goldorak du Télé 7 Jours N°972 du 13 Janvier 1979
- 1979 "La folie Goldorak" - Article dans Paris Match du 19 Janvier 1979
- 1979 Goldorackett - Article sur Goldorak dans Lui numéro 182 de Mars 1979
- 1985 Les Cahiers de la Bande Dessinée N°64 (Juillet-Août 1985) "A l'école d'Akira"
- 1986 Les cahiers de la bande dessinée N°71 (Septembre-Octobre 1986) "Le japon, ce continent inconnu"
- 1986 Les cahiers de la bande dessinée N°72 (Novembre-Décembre 1986) "Au commencement était Tezuka"
- 1987 Les Cahiers de la Bande Dessinée N°73 (Janvier-Février 1987) "Si Hiroshima m'était conté"
- 1987 Les Cahiers de la Bande Dessinée N°74 (Mars-Avril 1987) "Entretien avec Keiji Nakazawa"
- 1989 Je découvre le Japon - Club Dorothée Magazine 08 du 07/11/1989
- 1991 Sexe, idéologie, violence, faut-il priver les enfants de télé?
- 1991 Revue Génération 4 n°31 Mars 1991 - Akira, Mourir pour le Japon, Rêves d'enfants
- 1991 L'histoire de l'animation japonaise en France par Pascal Lafine - Club Dorothée Magazine 1991
- 1994 Animeland : index des 99 premiers numéros
- 1996 Article sur "Budo Magazine Europe" dans Tsunami 22 1996
Premiers mangas traduits, livres, expositions
- 1969 Premier manga traduit en France?
- 1970 Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1970
- 1970 La première rétrospective sur les mangas à Paris a eu lieu fin 1970!
- 1971 Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1971
- 1972 Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1972
- 1973 Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1973
- 1974 - 1978 Encyclopédie Alpha du cinéma : présentation du cinéma d'animation japonais
- 1978 Le Cri Qui Tue N°1 - revue de mangas en français de 1978
- 1985 Androïde, manga porno publié dans la revue Mutants en 1985
- 1991 L'univers des mangas de Thierry Groensteen, le premier livre sur les mangas en France
- 1999 Gô Nagai à la FNAC de Paris le 19 Juin 1999
- 2011 "Une révolution nommée Garo", rétrospective sur une revue mythique
Livres sur les mangas et l'animation japonaise
- "Anime Architecture" : livre sur l'architecture des métropoles dans les films d'animation japonaise
- AnimeLand "Encyclopédie des animés" volume 1 1963 - 1979
- AnimeLand "Encyclopédie des animés" volume 2 1980 - 1988
- AnimeLand "Encyclopédie des animés" volume 3 1989 - 1993
- "Big Bang Anim - Confessions du fondateur d'Animeland"
- Génération Galactik, une enfance dans les étoiles de Vincent Dubost
- Goldorak "A cinq ans, seul avec Goldorak - Le jeune enfant et la télévision" de Liliane Lurçat
- "Goldorak: L'aventure continue" : livre d'études universitaires abscons
- "Jump L'âge d'or du manga" par Hiroki Gotô
- Les chroniques de Player One, 20 ans de jeu vidéo et de manga!
- "Neon Genesis Evangelion - Le renouveau de l'animation japonaise" livre sur Eva
- Nolife story, l'histoire de la chaine de télévision Nolife
- "Nos Années Récré A2 1978 - 1988", livre sur une époque bénie
- Nos dessins animés 70 80
- Ségolène Royal et son livre "Le ras-le-bol des bébés zappeurs"
- La télé : un destin animé
Mangas, mangakas, illustrateurs
- Ashita no Joe, LE manga sur la boxe
- Blame de Tsutomu Nihei - Artbook
- Blame de Tsutomu Nihei - créatures belles et mortelles
- BLUE - superbe manga d'amours adolescentes
- Cyber Momotaro, manga samouraï hystérique de Takayuki Yamaguchi
- City Hunter (Nicky Larson) : best of des érections de Ryô Saeba
- City Hunter (Nicky Larson) : galerie de portraits
- City Hunter (Nicky Larson) : les massues de XXX tonnes de Kaori
- City Hunter (Nicky Larson) : Ryô Saeba, faux macho à la sexualité ambigüe?
- "Dead Tube" : manga extrême de viols et de meurtres
- "La demeure de la chair", manga ero guro de Kazuichi Hanawa
- Devilman, le plus grand manga de Go Nagai
- Dragon Ball, sodomie, exhibitionnisme et autres joyeusetés sur le sexe :-)
- Dragon Ball "Le Super Livre Tome01 - Guide de l'histoire et du monde"
- Fever, manhwa d'ados à la dérive
- "Gagorak Le rigolo de l'espace" BD de Cyrille Munaro : parodie hilarante de Goldorak à lire au moins 5 fois pour tout comprendre
- Gô Nagai à la FNAC de Paris le 19 Juin 1999
- Goldorak, BD Franco-Belge de 2021
- Gon, le bébé tyrannosaure...
- "L'habitant de l'infini", couvertures du plus beau manga sur les samouraïs
- "L'habitant de l'infini" - les plus belles illustrations
- Hideshi Hino, mangaka de l'horreur
- Hiroshima de Yoshihiro Tatsumi - édition française de 1983
- Jeanne et Serge (Attacker You) - Manga traduit en français
- Kanjis, furiganas et mangas
- Kashima, illustratrice et designer japonaise
- Keizo Miyanishi : extraits de ses oeuvres
- Ken le survivant et les géants
- Ken le survivant et les trames des nuages
- Ken le survivant - Plusieurs éditions VF de mangas : exemple de Ken le survivant
- Lamu (Urusei Yatsura) et le renardeau transformiste
- Maki Kusumoto et ses mangas très esthétiques
- Masamune Shirow : artbooks très sexuels sur l'armée et la police
- Masamune Shirow : artbooks très sexuels sur des nanas huilées
- Masamune Shirow : artbooks très sexuels sur les pirates et le Far Ouest
- Masamune Shirow : technologie et sexe
- Mitsuru Adachi et ses personnages féminins
- MPD Psycho, tornade glauque en noir et blanc
- Naruto, le blockbuster manga le plus glauque qui soit?
- Next Stop ( Sex ) de Atsushi Kamijo - manga zen
- Orion, manga de Masamune Shirow
- Panorama of hell de Hideshi Hino
- Paradise Kiss de Ai Yazawa
- Les phylactères dans Saint Seiya / Les bulles dans Les Chevaliers du Zodiaque
- Manga Psychanalyse du Héros de Manga (des années 80)
- 1969 Premier manga traduit en France?
- "Récré A3 Tome 1 - Cornes aux Fulgures et Plats de Nitrons" : parodie de Goldorak, Candy et Albator
- "Récré A3 Tome 2 - Otto largue et Goldo Tombe" : parodie tordante de Goldorak, Candy, Albator, Captain Flam
- Rokudenashi Blues (Racailles Blues) - manga de baston!!!!!
- Les secrets de l'économie japonaise - manga de Shotaro Ishinomori
- Shigurui, manga de samouraïs aux corps torturés
- "Shônen Avengers" : BD hommage à Goldorak et aux héros des années 70 et 80
- Short Program, le chef d'œuvre de Mitsuru Adachi?
- Suehiro Maruo, LE mangaka de l'Ero-guro (Erotique Grotesque Japonais)
- Suu la jeune fille du manga Clover de Clamp
- Taitei no ken, manga de portraits de femmes et de guerriers
- Tôru Fujisawa, dessinateur de GTO, en dédicace au Salon du Livre de Paris 2008
- "Un drôle de père", portraits de Rin la petite fille orpheline
- Urotsukidoji, tentacules dans jeunes filles
- Video Girl Ai de Masakazu Katsura et ses personnages féminins
Animés (séries, films et livres)
- Agent Aika : série d'OAV Ecchi mais pas Hentai
- Akiba Maid War : yakuzas en jupettes à Akihabara
- "Amer béton" les décors de la ville
- Les anges dans les mangas et animes
- Animation japonaise : albums BD, albums d'autocollants et anime comics des années 70/80
- Appleseed 2004 : les armes, armures et mechas (avions, tanks...)
- Appleseed 2004 : le film des attentats capillaires avec cheveux, barbes et moustaches en crème glacée et guimauve
- La couleur violet dans les animés japonais et ses multiples nuances indigo lavande magenta pourpre
- Cobra : le générique massacré du film
- Cynthia ou le rythme de la vie (Hikari no densetsu) - Dialogues des sept premiers épisodes de la version française
- Cynthia ou le rythme de la vie (Hikari no densetsu) - photos de Cynthia (Hikari) et Déborah (Hazuki)
- Cutey Honey : la série des fauvistes!
- Daimos, série animée de 1978 : film 01 (épisodes 1 à 4)
- Daimos, série animée de 1978 : film 02 (épisodes 5 à 7)
- Daimos, série animée de 1978 : film 03 (épisodes 8 à 44)
- Daimos, série animée de 1978 : les multiples cassettes vidéos VHS
- "Darkside Blues" film d'animation japonais de 1994
- DVD des génériques des séries télés Toei Animation de 1963 à 1989
- Elfen lied, ses paysages et couleurs
- Esper Mami (Malicieuse kiki) : dessin animé qui ne pourrait plus être diffusé en France pour cause de pédophilie
- Evangelion : 3.0+1.0: Thrice Upon A Time - les décors et les trains
- Ghibli : popup store "Le Château Éphémère" à Paris
- "Girls und Panzer" : l'art de vivre et le hentai
- "Girls und Panzer" : les autres mechas que les tanks, la nature
- "Girls und Panzer" : lycéennes et tanks, dessins humoristiques, intérieurs, techniques
- "Girls und Panzer" : les nanas tankistes
- "Girls und Panzer" : les types de tanks
- "Girls und Panzer" : la ville, les écoles, le public, divers
- "Ghost in the shell" 1995 : le démembrement de Motoko Kusanagi
- "Ghost in the Shell 2: Innocence" et la séquence du carnaval
- "Ghost in the Shell 2: Innocence" et les robots sexuels gynoïdes
- Goldorak : film pilote de 1975 "La guerre des soucoupes volantes"
- Goldorak et les plus beaux personnages féminins
- Gu Gu Ganmo : sexe, sadisme, perversions, violences, humiliations dans un dessin-animé pour enfants (oui, ça fait beaucoup)
- Haibane Renmei, coffret DVD collector Dybex
- "Interspecies Reviewers" : animé de fantasy loufoque sur des cabarets avec des prostituées surhumaines
- Une histoire du dessin animé japonais - Trésors de la télévision de 1960 à nos jours
- Jeanne et Serge (Attacker You) - l'album de vignettes Panini
- Jeanne et Serge (Attacker You) - Animation pauvre ou astuces graphiques ?
- Jeanne et Serge (Attacker You) - Mes personnages féminins préférés, You, Nami, Shiina et Sawako
- Jeanne et Serge (Attacker You) - Les premières diffusions en France
- Jeanne et Serge (Attacker You) - Scènes censurées
- Kara no kyoukai - La frontière du vide
- Kekkô Kamen (OAV 01) : la justicière intégralement nue mais masquée de Go Nagai
- Kekkô Kamen (OAV 02) : la justicière nue et masquée de Go Nagai contre le bodybuildeur violeur
- Kekkô Kamen (OAV 03) : la justicière nue et masquée de Go Nagai contre le robot vicieux
- Kekkô Kamen (OAV 04) : la justicière nue et masquée de Go Nagai contre le samouraï voyeur
- Ken le survivant (Hokuto no Ken) : les brutes ridicules et la honte capillaire
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : les costumes rigolos des années 80
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : galerie de personnages (hors Madoka)
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : galerie du personnage Madoka
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : paroles de chansons
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : les photos finales d'épisodes
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : sexe, sexe, sexe, passages censurés
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : les superbes décors pastel de la série
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : la violence dans la série
- Kimagure Orange Road (KOR - Max et Compagnie) : épisode 43 "Le groupe de rock"
- "Lady Oscar", film de Jacques Demy de 1979
- "Lady Oscar" : les amis d'Oscar
- "Lady Oscar" : amour et tentative de viol
- "Lady Oscar" : l'armée, les uniformes, les combats
- "Lady Oscar" : la cour de Versailles et le duc de Guémené
- "Lady Oscar" : la duchesse de Polignac
- "Lady Oscar" : la famille d'Oscar
- "Lady Oscar" : la fuite à Varennes
- "Lady Oscar" : génériques, cerisiers et autres sujets
- "Lady Oscar" : Jeanne de la Motte et l'Affaire du collier de la Reine
- "Lady Oscar" : Louis XV, Louis XVI, la du Barry, le duc d'Orléans, l'impératrice d'Autriche
- "Lady Oscar" : Marie-Antoinette, la Rose de Versailles
- "Lady Oscar" : les morts d'André et d'Oscar, la prise de la Bastille
- "Lady Oscar" : portraits d'Oscar François de Jarjayes
- "Lady Oscar" : la Révolution française, Robespierre et Saint-Just
- Makoto Shinkai : les décors de "The Garden Of Words"
- Makoto Shinkai : les décors de "Your name"
- Makoto Shinkai : les décors de "5 centimètres par seconde"
- Les marques renommées dans les animés : problèmes de droits?
- Le monde enchanté de Lalabel : images du vieux Japon des années 70
- Les mondes engloutis - Arkana la messagère d'Arkadia
- Les mondes engloutis, Zarathoustra et Nietzsche
- Les montagnes dans le film "Le sommet des dieux"
- "La Princesse des Etoiles" : cassette vidéo française de "Nausicaä de la Vallée du Vent" de Miyazaki
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 1 à 5
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 6 à 10
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 11 à 15
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 16 à 20
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 21 à 25
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 26 à 30
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 31 à 35
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 36 à 40
- "Princesse Sarah" résumé des épisodes 41 à 46
- Les rues du Japon dans les mangas - calme, sérénité et zen
- Oniisama e (Très cher frère), l'anime superbe de Riyoko Ikeda et Osamu Dezaki mais aussi oeuvre malsaine
- Patlabor : images des robots SD de la première série télé (1989-1990)
- Ranma 1/2, générique français pourri VS générique japonais tout en sensibilité
- RahXephon : les mechas
- RahXephon : la musique et autres points d'intérêt
- RahXephon : les personnages
- Redline : film de courses automobiles sous LSD
- "Sensualist - L'Empereur des sens" : cassette vidéo française
- "Sensualist - L'Empereur des sens" : photos du film
- Serial Experiments Lain
- Tenshi no Tamago (l'Oeuf de l'Ange) : chef d'oeuvre hermétique de Mamoru Oshii et Yoshitaka Amano
- Texhnolyze série de 2003 - les gentils
- Texhnolyze série de 2003 - les méchants
- Texhnolyze série de 2003 - Lux et la Surface
- Tom Sawyer : les décors d'un monde enchanté - série japonaise de 1980
- Le tour du monde de Lydie : une symphonie de couleurs
- Ulysse 31 : images des épisodes 1 à 5
- Ulysse 31 : images des épisodes 6 à 10
- Ulysse 31 : images des épisodes 11 à 15
- Ulysse 31 : images des épisodes 16 à 20
- Ulysse 31 : images des épisodes 21 à 26
- Ulysse 31 : les dieux de l'Olympe, ennemis d'Ulysse
- Ulysse 31 : Nono, personnages, Odysseus, Shyrka, vaisseaux, robots et véhicules
- "Un drôle de père (Usagi drop)" l'anime
- Urusei Yatsura 2 "Beautiful Dreamer" Lamu "Un rêve sans fin" : le plus beau des films avec Lamu
- Urusei Yatsura 4 "Lum the Forever": un autre film hermétique de Lamu
- Urusei Yatsura (Lamu) Episode 36 : Le retour de Rei
- Urusei Yatsura (Lamu) : l'amour enfin dévoilé entre Ataru et Lamu
- Urusei Yatsura (Lamu) : le chat géant Kotatsuneko
- Urusei Yatsura (Lamu) : les grosses têtes
- Urusei Yatsura (Lamu) : le lycée de Tomobiki et la maison d'Ataru
- Urusei Yatsura (Lamu) : Megane, l'ami envieux d'Ataru
- Urusei Yatsura (Lamu) : le moine Cherry
- Urusei Yatsura (Lamu) : le professeur Onsen Mark
- Urusei Yatsura (Lamu) : le proviseur du lycée de Tomobiki
- Urusei Yatsura (Lamu) : Rei, l'hybride vache-tigre extraterrestre
- Urusei Yatsura (Lamu) : le renard transformiste
- Urusei Yatsura (Lamu) : scènes incongrues, étonnantes, rarement vues...
- Urusei Yatsura (Lamu) : sexe, sexe et sexe :-)
Autres
- Animapa, fanzine participatif sur les mangas et l'animation japonaise (1992 - 2000)
- Comment écrire un article de blog : retour d'expérience sur 16 ans, bonnes pratiques et tutorial
- Cycle CinéManga de 1995
- Kawaii Café - le premier maid et cosplay café de Paris
- La librairie Tonkam a fermé... une page de plus de 20 ans se tourne!
- La mort volontaire au japon
- La première rétrospective sur les mangas à Paris a eu lieu fin 1970!
- Manga Café - Boutique Harajuku à Paris
- Otacool, recueils de photos de chambres d'otakus et de cosplayeurs
- Revue Shin Tsunami 0 de Tonkam Mars 1999
- "Shin Tsunami" 1 de Tonkam Juin Juillet 1999
- "Rétro Lazer" : revue de passionnés pour les passionnés de la culture populaire japonaise (et pas que...)
- Revue Tsunami de Tonkam : couvertures des 24 numéros de 1992 à 1997
- Revues sur le Japon
- Souvenirs, souvenirs : boutiques mangas sur Paris dans les années 1990
- Souvenirs, souvenirs : le minitel et les mangas et animés dans les années 90
08 mai 2010
La librairie Tonkam a fermé... une page de plus de 20 ans se tourne!
Notes liées dans mon blog : Liste articles mangas et dessins-animés
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Pendant vingt ans Tonkam a été LA librairie sur les mangas en France, sa référence incontournable, le repère des passionnés du Japon de l'ère pré-internet, l'un des acteurs majeurs de la diffusion des mangas et animés; le vendredi 30 avril 2010, à 17H00, la librairie Tonkam a fermé, définitivement!
Les raisons de la fermeture
Le bailleur a augmenté le loyer de 150%! Il est bien sur impossible de survivre à un tel coup de massue. Cette technique est fréquemment utilisée pour pousser un commerçant a vider les lieux et à le remplacer par un autre qui pourra payer plus; business is business!
Il faut aussi préciser que depuis plusieurs années Tonkam était devenue une librairie comme les autres. Dans les années 90 ce marché était très restreint, confidentiel au possible et des fans faisaient le samedi des dizaines voir des centaines de kilomètres (comme votre serviteur) pour acheter des mangas, et en japonais qui plus est. Il y avait peu d'acheteurs mais ils achetaient beaucoup et pour cher, ce qui permettait à la librairie de bien fonctionner. Ensuite le manga et l'animation japonaise ont enfin été reconnus en France comme culture à part entière par le grand public.
De nombreux éditeurs ont commencé en 2000 à traduire et vendre du manga en français, disponible partout (FNAC, Virgin et autres librairies généralistes). Au fil des ans, Tonkam a évolué en une librairie vendant surtout de la VF et donc ne se différenciant plus du tout de ses concurrentes. Ces éléments ont ainsi marginalisé le rôle et l'aura de Tonkam boutique, surtout auprès du jeune public qui achète son Naruto ou Bleach, peu importe où. Ajoutez à cela Internet et il n'est plus nécessaire de se déplacer pour discuter avec des amis, apprendre les dernières news du Japon, avoir des infos sur des séries...
Dans mon prpre cas, ces dernières années je ne m'y rendais plus que deux, trois fois l'an alors que dans la deuxième moitié des années 90 j'y étais tous les samedis après-midi pour retrouver mes potes et faire la tournée des autres boutiques comme Junku, Katsumi, Madoka, Tôkyô-Do... avant de finir au Tenshi Bar ou de nous faire un restaurant japonais rue Sainte Anne. Hé oui, aller chez Tonkam dans les années 90 était un acte militant pour la reconnaissance de la culture populaire japonaise!
Historique de Tonkam
Cette librairie était au 29 rue Keller, près de Bastille, dans une petite rue qui ne payait pas de mine au début des années 90 et qui s'est bien animée depuis avec l'ouverture de plusieurs librairies sur les mangas, la musique, les fringues...
Un article dans l'Animeland N°96 de Novembre 2003 par Sébastien KIMBERG ainsi que cet article http://www.memoireonline.com/01/08/858/m_l-edition-de-manga-acteurs-enjeux-difficultes5.html de Adeline FONTAINE nous retracent l'histoire de cette belle aventure dont voici les principales dates :
1976 : Dominique VERET ouvre sa librairie Hoppaling Cassidong aux puces de Montreuil, spécialisée dans la BD franco-belge
1977 : création de la papeterie/librairie Scheffer, au 29 rue Keller, propriété de la famille CHANG
1985 1er Novembre :
- la librairie est rebaptisée Tonkam
- Dominique et sa compagne Sylvie CHANG commencent l'importation de mangas traduits aux USA par Dark Horse et de comics
Début des années 1990 :
- fermeture de la librairie des puces de Montreuil qui se transforme en entrepôt de produits japonais
- la BD franco-belge disparaît des rayons de Tonkam Bastille
1992 Juillet : N°1 de Tsunami
1993 : naissance de Tonkam Edition par Dominique VERET, Pascal LAFINE, Sylvie CHANG et Françoise CHANG
1994 Juin : publication du N°1 de Video Girl Ai
1995 :
- premiers titres vidéos en VHS comme Ushio & Tora, les OAV de Video Girl Ai, Ah ! My Goddess, le superbe film Lamu beautiful dreamer
- ouverture de Tonkam Monge et de Tonkam Barcelone (ne pas tenir compte de ce qui est dit sur ce site http://www.jipango.com/jipango2001/jipango_99/voya99p3.html où on parle d'une ouverture en 1998)
- lancement d'un mensuel d'information gratuit, Mangavoraces, distribué dans les librairies et faisant de courtes critiques des dernières publications
1996 19 Janvier : arrêté officiel du ministre de l'intérieur qui interdit de proposer, donner, vendre à des mineurs, ou exposer le manga érotique Angel de U-Jin édité par Tonkam
1997 : N°24 (et dernier) de Tsunami
1998 : fermeture de Tonkam Monge (même si ici http://smorand.free.fr/stardust/ on parle de Tonkam Monge en Novembre 1999)
2000 :
- Dominique VERET quitte les éditions Tonkam pour créer le label Akata
- Pascal LAFINE devient directeur éditorial des Editions Tonkam
- la FNAC et Virgin vendent les ouvrages édités par Tonkam
2003 :
- N°1 de Magnolia, premier magazine de prépublication de shojo manga en France
- retour des mangas en VO, absents depuis deux ans à cause de la concurrence rude de Junku
2005 : les éditions Delcourt prennent une position majoritaire au sein des éditions Tonkam
2010 30 Avril : fermeture de la librairie Tonkam Bastille
Les magazines de Tonkam
Tsunami, l'excellent fanzine de la librairie!
N°1 : juillet 1992
N°24 (et dernier) : Janvier 1997
L'édito du numéro 1 de Tsunami
"Encore une revue sur les mangas ! avez-vous sans doute pensé en voyant Tsunami chez votre libraire. Dans un marché où existent déjà un Mangazone pour la bande dessinée et un Animéland pour le dessin animé, l'existence d'une nouvelle revue pourrait sembler superflue. Pourtant, nous n'avons pas l'impression d'être de trop. Plus qu'un concurrent aux fanzines déjà existant, Tsunami se veut un complément, une sorte de petit guide pratique, à la parution strictement trimestrielle, destiné à aider tous les fans, qu'ils soient novices ou endurcis, à s'y retrouver dans la jungle des mangas. Au Japon, les nouveautés paraissent à un rythme accéléré et il devient de plus en plus difficile de faire le tri dans ces imports qui arrivent toujours plus nombreux dans les librairies spécialisées. Même pour ceux qui ne s'en tiennent qu'aux versions anglaises, le coût de celles-ci oblige souvent à un choix, toujours aléatoire. Et encore, il ne s'agit que des bandes dessinées et des vidéos ! Le même problème se pose aux amateurs de disques et d'autres produits en rapport avec les mangas.
Tous les trois mois, et même plus souvent si vous êtes assez nombreux à le souhaiter, Tsunami fera le point sur l'actualité des images nipponnes, et ce pour un prix que nous avons voulu le plus bas possible. Mais au fait, pourquoi ce titre ? Un tsunami est un raz de marée provoqué par un tremblement de terre sous-marin, bref une gigantesque lame de fond. La déferlante dont traite Tsunami, c'est celle des mangas qui, nous l'espérons, vont secouer un tant soit peu le morne statu quo de la BD européenne qui ronronne.
Bouclez vos ceintures ! Destination : Tokyo !
Jean-Paul Jennequin"
Tsunami sera suivi par Shin Tsunami, annoncé en Novembre 1999 par Jipango ici http://www.jipango.com/jipango2001/jipango_99/actu99p1.html mais c'est extrêmement difficile de trouver des infos sur cette revue.
Voici sa présentation
"LE MAGAZINE DES ENERGIES DE L'ASIE
Destinée à un public jeune, Shin Tsunami est une nouvelle revue en couleurs axée sur la culture manga au Japon et dans le reste de l'Asie. Outre ses articles sur la manga-mania, d'autres sujets sont abordés tels la musique, les livres, la mode ou le multi- média. Un petit concentré de groove asiatique à compulser pour le plaisir et pour ne passe laisser dépasser... "
Deux articles de ce numéro http://membres.multimania.fr/lrnoel/shint.htm
A priori le numéro 0 est sorti (64 pages couleurs, 28 F) mais pas le N°1 : http://www.asiexpo.com/club/chroniques_show.php?no=708&categorie=livre
La seule illustration trouvée sur le web pour le Tsunami N°1, que j'ai essayé d'agrandir mais sans grand succès
Magnolia
Numéro 1 : Décembre 2003
Magazine édité par Tonkam de pré-publication de shôjos mangas
Mangavoraces
Pub tirée du N°10 de RG Veda de décembre 1997 sur le N°6 de Mangavoraces
Grossissement de la page de gauche, montrant mieux la maquette de ce N°6
Souvenirs, souvenirs
Quelques vieilles pub pour Tonkam
D'autres liens consacrés à l'histoire de Tonkam, Dominique VERET, son emblématique boss et de Pascal Lafine.
http://www.editions-tonkam.fr/historique_tonkam.php
http://www.memoireonline.com/01/08/858/m_l-edition-de-manga-acteurs-enjeux-difficultes5.html
http://www.jipango.com/jipango2001/jipango_99/voya99p3.html
http://www.actuabd.com/Les-15-ans-de-Tonkam-l-esprit-pionnier-du-manga-en-France
http://www.actuabd.com/Pascal-Lafine-Tonkam-Nous-faisons-des-mangas-pour-les-amateurs-de-mangas
Tonkam et nous, les fans du Japon...
Entre Tonkam et moi c'est une histoire de vingt ans puisque en consultant mes archives, je constate que le 16 novembre 1991 je leur ai envoyé une lettre, certainement pour savoir s'ils faisaient de la vente par correspondance et que le 03 janvier 1992 je recevais leur catalogue de VPC. Le samedi 22 février 1992 a eu lieu mon premier voyage à Paris pour justement faire la tournée des librairies dont j'avais trouvé les adresses dans Mangazone, Animeland, Sumi-Joohoo.
Dans mon journal de l'époque j'ai noté pour ce jour :
"Lever à 6H00, départ du train corail pour Paris Austerlitz à 6H43 de Tours, arrivée à 8H48"
"10H00 : je suis à Tôkyô-Do vers Opéra mais je n'achète rien" (cette librairie était très chère)
"Ensuite je suis chez Junku, au 262 rue St Honoré où j'achète le N°9 de Video Girl Ai et le N°1 de Rokudenashi Blues" (tout ça en japonais, bien sur; Junku était un tout petit magasin à l'époque, bien plus petit que l'actuel du métro Pyramides mais déjà les mangas étaient enveloppés de cet horrible cellophane qui empêche de feuilleter ce qu'on veut acheter!!!!!)
"Direction ensuite Déesse et Album et, à 14H10 je vais chez Tonkam où je prends les N° 6, 7, 8 et 10 de Video Girl Ai"
"A 14H45 je suis à Austerlitz alors que mon train ne part qu'à 17H15. Arrivée deux heures plus tard chez moi."
Voilà, ce fut ma première rencontre physique avec Tonkam, avec Junku, avec le monde des boutiques vendant des mangas, des produits exotiques venus de l'autre côté de la planète, depuis ce fascinant pays du soleil levant. J'ai ensuite déménagé à Paris en août 1995 pour travailler et j'ai passé des heures et des heures et des heures dans toutes ces boutiques, j'y ai laissé des fortunes, me suis fait plein d'amis dont certains qui sont toujours mes potes quinze ans après notre rencontre devant cette fameuse boutique... ah, les RDV devant Tonkam le samedi après-midi, on était toujours sur de tomber sur un ami, de croiser une connaissance, de découvrir un nouveau manga, d'avoir des infos de gens mieux informés que nous autres pauvres béotiens... Petite dédicace à Rui qui nous faisait attendre des heures et des heures quand ce n'était pas une semaine entière :-)
Quelques liens pour avoir une autre idée de ce que fut Tonkam pour la génération Goldorak et Saint Seiya :
http://www.lamarquejaune.net/article-fermeture-de-la-librairie-tonkam-tout-fout-le-camp-49063306.html
http://www.otakia.com/news/3713/Fermeture-de-la-librairie-Tonkam-la-fin-d%E2%80%99une-epoque
http://www.mangavore.fr/actualiteje-minforme/les-news/39-business/4842-fermeture-de-la-librairie-tonkam.html
http://www.tonkam-forum.com/viewtopic.php?f=2&t=3010&start=0
http://www.facebook.com/album.php?aid=173685&id=29686326255
http://www.animint.com/outils/forum/sujet_4373.html
http://karafactory.blogspot.com/2010/04/sayonara-tonkam-une-page-se-tourne-un.html
http://www.animint.com/blog/000359-tonkam-rue-keller-souvenir-souvenir.html
Les photos du fameux cosplay qui s'était tenu devant le magasin le samedi 7 juin 1997, l'un des tout premiers en France. La gagnante fut la fille déguisée en Zia des Mystérieuses cités d'or.
http://coolen.marc.free.fr/1997/html-97/t-97/t97-int.htm
[EDIT 29/10/2022]
Ce jour, j'ai trouvé sur Youtube une vidéo de ce fameux cosplay, de 1997 :-) La qualité est médiocre mais c'est un témoignage historique de cette époque jeune et survoltée.
Photos du vendredi 30 avril /2010, prises à 8H00 du matin du dernier jour de Tonkam :-(
Photos du samedi 08 mai 2010, une semaine après la fermeture
Le fameux logo au dragon
Le magasin de vente en ligne aussi est fermé
Japan Expo 2007
Japan Expo 2007
Japan Expo 2008 avec le petit musée Tonkam revenant sur leur long, long travail
Japan Expo 2008 : hommage à Video Gril Ai, le premier grand succès d'édition de Tonkam et le manga avec lequel tout a commencé pour moi :-)
Japan Expo 2009
Dieu merci, Tonkam Edition est encore en vie et va poursuivre ses activités, on leur doit un des tout premier manga traduit en français, à savoir Video Girl Ai ainsi que la série Tough-Free fight et bien d'autres perles comme RG Veda, H2, Maison Ikkoku ou Tôkyô Babylon. Une liste exhaustive de leurs titres ici http://www.manga-news.com/index.php/editeur/Tonkam et vous verrez que Tonkam a sacrément contribué à la diffusion du manga en France
Tonkam est un nom thaïlandais qui fut donné à Dominique VERET par un moine lors d'un de ses multiples voyages... Tonkam a permis à des milliers de lecteurs de voyager au Japon via les mangas, de leur donner envie d'apprendre le japonais, de visiter ce merveilleux pays... merci Dominique, merci Sylvie, merci Françoise, merci Pascal pour tout ce que vous avez apporté à la culture Française; si les mangas se sont enfin imposés en France, vous y êtes pour beaucoup! Mille mercis!
[EDIT 26/06/2011]
Et voilà, un an après, la boutique qui a remplacé Tonkam; un simple magasin de fringue... c'est triste.
[EDIT 23/07/2014]
Depuis début 2013, voir même un peu avant, une nouvelle boutique a repris les murs de la librairie Tonkam. A mon grand plaisir, cette fois c'est un magasin qui est très lié à l'univers des mangas car c'est une boutique spécialisée dans la vente de costumes pour cosplayers, du nom de Manga Dori 2. Ne vous laissez pas abuser par le nom de l'ancienne boutique Caprichos qui apparait encore, le vrai nom de la boutique est marqué sur les vitres.
13 mars 2010
Les chroniques de Player One, 20 ans de jeu vidéo et de manga!
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Voici un ouvrage imposant de 300 pages, publié chez Pika Edition et écrit par Olivier Richard et Alain Kahn; de grosses pointures dans leurs domaines respectifs si on lit leur parcours ci-dessous. Il s'agit ni plus ni moins que de donner un historique le plus complet possible sur les décennies 1990 et 2000 qui ont vu les jeux vidéos et les mangas envahir tous les médias populaire (presse écrite, BD, télé, cinéma, internet...) et s'imposer comme une partie intégrante de notre culture. Il y a onze chapitres, cinq sur les mangas, six sur les jeux vidéos, de vingt à trente pages chacun.
Je ne vous cache pas que j'ai vite parcouru la partie sur les jeux vidéos puisqu'à l'époque je ne lisais pas ou très très peu cette presse. Pour moi c'est le premier chapitre, "Teenage Lobotomy - De Cyborg 009 à Akira (1966-1990)" qui est le plus excitant car on y apprend beaucoup de choses sur les années 60, 70, 80, pas forcément connues du grand public sur les tout débuts de l'animation japonaise en France. Par exemple, la série Cyborg 009 fut diffusée au cinéma en 1966-1967, lors de la première partie de programme, en épisodes de trois minutes à suivre! En mai 1968 c'est carrément les deux films qui sont projetés, condensés en un seul film... et je ne parle pas des infos sur les festivals qu'on découvre!
On attaque ensuite les années 1990 et 2000 qui constituent la majeure partie de l'ouvrage mais impossible de résumer ces parties tellement ces deux décennies furent riches et diversifiées!
Les gros points forts de cet ouvrage :
- les multiples témoignages de ceux qui ont littéralement créé le marché du manga et de l'animation japonaise en France sur ces vingt dernières années. Que ce soit les fans de la première heure comme Yvan-West Laurence, Cédric Littardi, Dominique Véret, Jean-Pierre Dionnet, Christopher Gans mais aussi les professionnels de la bande dessinée européenne tels que Jacques Glénat, Guy Delcourt... Chacun raconte son histoire, comment il est venu aux mangas, ses anecdotes sur la difficulté de lutter contre les préjugés vis à vis du Japon, l'hostilité des gens en place voyant les produits japonais comme des envahisseurs leur prenant des parts de marché, le parcours du combattant pour acquérir les droits auprès des japonais... Ces témoignages sont passionnants, longs et sans langue de bois!
- la multitude de dates que ce soit pour les éditions de mangas, les sorties de films au cinéma, la création des labels vidéos; c'est toute une époque qui revit au fil de ces pages et c'est inestimable pour ceux qui l'ont vécue!
Les points faibles :
- les années 80 traitées un peu trop rapidement à mon goût alors que les animés diffusés à la télé ont ouvert la voie au manga
- pas d'interview des animateurs et responsables des programmes télés comme Dorothée alors qu'ils étaient en première ligne dans ce combat
- très très peu d'illustrations sur les mangas, seulement quelques couvertures de revues mais rien de franchement excitant!
- Internet un peu trop passé sous silence
En résumé ce livre EST INDISPENSABLE pour tous ceux qui s'intéressent à l'introduction de la culture populaire japonaise en France, son épanouissement difficile dans les années 90 puis son explosion, dans tous les sens du terme, dans les années 2000!
La quatrième de couverture
"20 ans de jeu vidéo et de manga!
Il y a 20 ans naissait Player One, le premier magazine européen dédié aux consoles de jeux vidéo. A cette époque héroïque, les jeux vidéo étaient considérés comme - au mieux - des jouets douteux ou - au pire - des outils dangereux pour décérébrer les enfants. En ces années obscures, les bandes dessinées et les dessins animés japonais étaient méprisés, voire ignorés de tous. Tous ? Non. La rédaction de MSE, le jeune éditeur qui publiait le magazine Amstrad CPC, avait pressenti que le jeu vidéo deviendrait un jour un divertissement universel.
Cette coalition de "nerds" et de "geeks" avait aussi parié que les mangas et les animés seraient un jour reconnus à leur juste valeur, et que Miyazaki, Toriyama et Otomo deviendraient les héros de toute une génération. MSE lance Player One, en septembre 1990. Dès son premier numéro, le magazine intègre le jeu vidéo dans une vision panoramique de l'entertainment où se bousculent films, bandes dessinées, séries TV et mangas. Le succès est instantané. Les lecteurs se reconnaissent dans la rédaction du magazine. Ils viennent de rejoindre une équipe qui assistera à la naissance de nouvelles légendes, celles de Super Mario, Dragon Ball, Street Fighter II, Final Fantasy, Lara Croft, GTO, etc. En 1994, Player One prépublie le manga Ranma 1/2. L'année suivante, apparaît le mensuel Manga Player, qui propose des mangas inédits en France comme Ghost in The Shell. Il est suivi, en 1996, par les premiers livres de MSE, dont Magic Knight Rayearth et Card Captor Sakura du studio CLAMP.
Vingt ans après la naissance de Player One, le jeu vidéo pèse plus lourd que les industries du cinéma et de la musique réunies. Des millions d'enfants et d'adolescents ont renoué avec la lecture pour lire les milliers de mangas traduits chaque année. Les auteurs des Chroniques de Player One ont rencontré les principaux acteurs de ces vingt années passionnantes : professionnels du jeu vidéo (Nintendo, Sega, Sony, Cryo, Atari, Ubisoft...) et du manga (Glénat, Tonkam, Delcourt, Kana...) bien sûr, mais aussi toute une foule de journalistes spécialisés, de créatifs et de passionnés, connus ou pas, qui ont participé à l'avènement de cette culture contemporaine et universelle.
Les auteurs
Olivier Richard : Né en 1965, il collabore aux magazines Rock & Folk, USA Comics, SVM Mac, L'Affiche et Player One où il écrira la rubrique entertainment (manga, cinéma, BD) pendant toute la durée de vie du magazine. Il collabore, par ailleurs, à Télévisator 2 sur France 2 et a été directeur des programmes des chaînes MCM pendant plus de douze ans. Il a également dirigé les programmes d'Europe 2 TV puis de Virgin 17. Il passe son temps libre à lire de vieux grimoires d'alchimie, à la recherche d'un moyen pour ressusciter les Ramones, son groupe préféré.
Alain Kahn : Né en 1948, il découvre le Japon en 1967 et en tombe amoureux. Il se lance ensuite dans l'importation de matériel informatique et distribue les premiers ordinateurs bon marché et ludiques produits par Amstrad. En 1987, il crée Média Système Edition (MSE) qui publiera les magazines Amstrad CPC, Player One, Nintendo Player, Manga Player, etc. Il fonde Pika Edition, en 2000, qui devient rapidement un des trois leaders du manga en France. Il rêve d'épouser les filles du studio CLAMP."
07 mars 2010
Short Program, le chef d'œuvre de Mitsuru Adachi?
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L'édition 2010 : deux tomes de réédition et deux tomes d'inédits
La première édition de 1999 avec ses superbes couvertures (présentes néanmoins en illustrations internes en 2010)
Short Program, sous-titré "Recueil d'histoires courtes sur l'amour et ses complications" est-il le chef d'œuvre de Mitsuru Adachi? Pour moi c'est oui sans hésitation tellement l'art du récit et la délicatesse du trait du mangaka s'expriment pleinement dans ces histoires injustement moins connues que Touch, H2 et Hi atari ryoko!
Ces livres me fascinent depuis dix ans, comme s'ils renfermaient la quintessence de l'art des mangas, de la sensibilité japonaise, de la subtilité des premiers émois amoureux mais aussi du temps qui passe, de la nostalgie d'un monde perdu ou près duquel nous sommes passés à côté... Combien de fois un brillant mangaka a t-il été bridé dans son travail par son éditeur, par son public qui lui demandent de poursuivre jusqu'à la nausée le même manga à succès? Que ce soit Tsukasa Hôjô, Rumiko Takahashi ou justement Adachi, beaucoup de dessinateurs stars ont du créer des volumes d'histoires courtes pour montrer qu'ils pouvaient faire autre chose que leur série vedette et même y exprimer d'autres facettes de leur immense talent; dommage que ces bijoux ne soient pas plus connus par le grand public!
Oui, ces histoires sont fascinantes pour moi car j'y retrouve, à un certain niveau, la sensibilité, la retenue et l'acceptation des choses que l'on rencontre dans les films de Ozu, la complexité des intrigues amoureuses des meilleurs films de Shunji Iwai comme Hana and Alice, Love letter, la mélancolie qui baigne All about Lily Chou-Chou... une certaine douceur japonaise mais aussi des relations humaines compliquées et, plus que tout, la difficulté de communiquer!
Je suis ému quand je lis ces histoires; grâce au talent d'Adachi je replonge immédiatement dans mon adolescence et je me dis que peut-être, si j'avais fait ce pas, si j'avais compris ce regard... mais bon, tout cela fait partie du passé, il reste des souvenirs, des regrets et un magnifique album appelé Short Program qui fait que jamais je n'oublierai la chaleur de cette époque!
Quand vous lirez ces recueils, soyez attentifs à chaque case, à chaque dialogue car il y a énormément de non dits, de sous-entendus, beaucoup de messages s'expriment uniquement par des regards, par des cases silencieuses... et si on est un tant soit peu distrait lors de la lecture, on risque de ne pas comprendre la chute de l'histoire ou même de se méprendre sur les relations entre les personnages. Ce sont des mangas d'exception qui réclament une grande attention voir implication de votre part pour que ces histoires entrent en résonance avec votre propre histoire :-)
Tonkam a publié ces mangas pour la première fois en 1999, en trois tomes de 190 pages, puis a entrepris en 2010 leur réédition en deux tomes de 290 pages pour un total de vingt-deux histoires. C'est un ensemble de courts récits écrits entre 1985 et 1995. Je vais reprendre ci-dessous la quatrième de couverture de l'édition 2010 pour vous les présenter brièvement.
Tome 1 : "Le bonheur simple d'une rencontre quotidienne aussi fugace qu'agréable, le hasard qui réunit deux âmes que rien ne prédisposait à se croiser un jour... L'amour peut prendre bien des chemins pour s'insinuer dans le cœur des hommes et rendre chaque idylle unique. Mais le moment le plus intense n'est-il pas celui qui précède la conclusion, quand le temps suspend son vol et que planent encore le mystère et le doute?"
Tome 2 : "Ce second volume de Short Program vous promet autant de mystère que de romance. A travers les ombres chinoises, la fragilité de l'adolescence et sa touchante maladresse s'expriment délicatement. C'est sans surprise qu'on découvrira également un peu de base-ball, l'occasion d'approcher les coulisses d'un sport où tout n'est pas toujours facile. Au final, ce nouveau tome prouve une fois de plus la maîtrise de son auteur au travers d'histoires où pas un mot de trop n'est prononcé, ni même une case de trop dessinée... Du grand art!"
Les histoires entre les deux éditions sont identiques mais l'édition de 2010 a un papier de bien meilleure qualité et une impression plus fine, avec des noirs plus profonds et des blancs plus intenses. En outre certains débuts d'histoires en couleurs étaient en N&B en 1999 alors que dans la nouvelle édition elles sont bien en couleurs! Bref, un rachat indispensable pour ceux qui avaient eu le bonheur de découvrir ces histoires courtes en 1999.
Au fait, le prix de la première édition était de 55 francs le tome soit 165 francs (25€) l'intégrale, celle de la réédition est de 30€ pour un contenu de meilleure qualité au niveau impression alors que dix années se sont écoulées. Merci Tonkam de ne pas avoir abusé sur les prix pour cette merveille :-)
En haut l'édition de 1999, en bas celle de 2010. Difficile de voir vraiment les différences à partir d'un scan et une compression JPEG mais croyez-moi, cette réédition vaut l'achat, ne serait-ce que pour la profondeur des noirs qui rend plus justice au travail d'Adachi!
Regardez les extraits ci-dessous, ce sont des moments clés de l'histoire et il n'y a quasiment aucun dialogue. Mitsuru Adachi nous amène calmement et lentement vers le dénouement de son histoire, tout semblait simple au départ puis, par touches successives, on se rend compte que la réalité ou le passé sont bien plus complexes qu'on ne le pensait de prime abord et puis ... et puis un élément arrive qui éclaire tout sous un nouveau jour mais c'est souvent une lumière triste, comme celle d'un jour d'automne qui s'achève!
"Sur le chemin du retour", dans le tome 2, est peut-être l'histoire qui m'a le plus touché. Elle est divisée en deux parties, dans la première, un enfant est projeté dans le futur alors que dans la deuxième il fait un plongeon dans le passé de plusieurs décennies, en 1959. C'est cette deuxième partie qui est la plus émouvante, l'enfant est d'abord désorienté puis se fait des amis de son âge mais c'est surtout les décors du village qui montrent les sentiments d'Adachi, la nostalgie des lieux de son enfance, les regrets de son furusato disparu. Il met en opposition le futur et la ville d'un côté dans la première histoire avec le passé et le illage dans l'autre et on voit bien où bascule son cœur... je me laisse happer par les paysages, j'admire ses tableaux... achetez le manga pour en savoir plus :-)
Sur le chemin du retour
Nous terminons en beauté avec l'art du paysage urbain, le point qui m'aura toujours le plus surpris chez Adachi car rendre poétique une rue, un quartier n'est pas donné à tout le monde!
14 février 2010
Taitei no ken, manga de portraits de femmes et de guerriers
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Taitei no Ken, L'épée de l'Empereur, est un manga dessiné par Dohe, scénarisé par Baku Yumemakura et publié par Glénat.
Nous sommes en 1638, époque de bruit et de fureur où des familles puissantes s'entretuent par ninjas et samouraïs interposés. L'histoire commence banalement avec un homme de main, un colosse, nommé Genkuro Yorozu, qui délivre une jeune fille des mains de ses ravisseurs. Il voit ensuite une lumière aveuglante, apparue dans le ciel, s'écraser dans la proche montagne. A ma grande surprise il ne s'agit pas d'un météore mais d'un vaisseau spatial! D'autres personnes ont vu cette lumière, se sont approchées du cratère et cela ne sera pas sans conséquence pour elles puisque ce sera le début de longues aventures, pleines de rencontres étonnantes, de sang et de meurtres.
Le scénario de ce manga a une trame assez classique, si on excepte la soucoupe volante. Néanmoins, pour le moment, cette partie SF est peu présente dans le manga; on aurait pu d'ailleurs la remplacer par une météorite ou un objet envoyé par les dieux, ça m'aurait moins surpris car je n'ai jamais apprécié les anachronismes, ça crée une drôle d'impression, ça nuit à l'immersion dans le manga mais c'est un avis très personnel. On a ensuite des combats sanglants, des rivalités entre de puissants guerriers, on devine des machinations en arrière-plan, des enjeux politiques impliquant des familles nobles capables de renverser le pouvoir en cours... bref un manga classique mais parfaitement maîtrisé.
Ce manga m'a tapé dans l'œil pour plusieurs raisons :
- la qualité du dessin et le style réaliste (à la façon d'un Vagabond de Takehiko Inoue)
- la beauté des personnages féminins (voir ci-dessous)
- le charisme immédiat des personnages, que ce soit Genkuro Yorozu, Botan ou bien Himeyasha la femme aux longs cheveux; ils accrochent rapidement l'œil, impossible de les confondre avec d'autres personnages (et pourtant j'adore Adachi dont tous les persos se ressemblent)
- les décors détaillés, que ce soient les ruelles, les auberges, ça contribue à créer une vraie atmosphère et j'y suis sensible; un critique de la peinture a dit "Ce sont les détails qui font les chefs-d'œuvre" et j'acquiesce entièrement
- une façon bien particulière de présenter les rencontres entre personnages. Les protagonistes regardent systématiquement le lecteur plutôt que leur interlocuteur et je trouve cela surprenant cette façon de nous inclure presque de force dans l'histoire.
Le héros de l'histoire, un géant appelé Genkuro Yorozu, possesseur d'une épée encore plus démesurée que lui! On dirait un peu Son Goku, il a un air naïf et sincère, une envie folle de s'amuser, de parcourir le monde...
La belle princesse Mai, poursuivie par plusieurs ninjas aux pouvoirs extraordinaires. J'adore ces dessins, quelle maîtrise dans le trait, dans l'art du portrait
Botan, un guerrier converti au christianisme et capable de lévitation...
Des ninjas redoutables, aux pouvoirs mortels et inhabituels!
De superbes décors pour ce manga, avec un soin du détail qui fait plaisir; on dirait du Mitsuru Adachi version Edo :-)
Les face à faces, dont je parlais plus haut, sont très nombreux
C'est en partie pour ces superbes portraits de femmes que j'ai acheté ce manga
Attention tout de même, ce manga est violent, les combats sont sanglant avec moult décapitations et assassinats en gros plan!
23 janvier 2010
Encyclopédie Alpha du cinéma 1974 - 1978 : présentation du cinéma d'animation japonais
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En est-il parmi vous qui se souviennent de "L'Encyclopédie Alpha du cinéma", sortie en France au milieu des années 70? Cette encyclopédie de 11 tomes, format A4, couvrait 80 ans du cinéma mondial, tous genres confondus. Chaque volume faisait à peu prés 280 pages sous une couverture noire rigide, assez imposante pour l'enfant que j'étais alors. Je l'ai gardée durant trois décennies et dernièrement, en reparcourant le tome 9, je suis tombé sur les articles ci-dessous traitant du cinéma d'animation japonais. L'édition que j'ai date de 1978 (la première de 1974); on est entre 13 et 17 ans avant le premier numéro d'Animeland! Comme quoi, parmi les professionnels du cinéma de cette époque, l'animation japonaise n'avait pas aussi mauvaise presse que cela mais il est vrai qu'on est juste avant la déferlante Goldorak, qui sera tant décriée par la suite dans les médias.
Voici les pages tirées du chapitre "Le cinéma d'animation".
"L'école japonaise
Le thème de Tumulte au royaume des cieux fut repris en 1960 par deux scénaristes japonais, Yasuji Mori et Akira Daïkubara, et leur travail fut réalisé en dessins animés par Taiji Yabushita et Osamu Tezuka sous le titre Sai Yu-ki (Alakazam le Grand). Ce long métrage est remarquable, mais sa confrontation avec le film chinois est assez étonnante, non pas à cause de l'histoire fabuleuse qui reste sensiblement la même, mais pour la réalisation graphique. Dans la production japonaise, occidentalisée, on ignore pratiquement l'art oriental exploité dans le film de Wan Lai-ming. Il est incontestable que le coloriage des dessins animés de la nouvelle Chine a atteint une qualité artistique exceptionnelle, s'appuyant sur une tradition plusieurs fois millénaire. Au Japon, Yoji Kuri, par exemple, se livre à des essais surréalistes et d'avant-garde, appauvrissant volontairement son inspiration pour utiliser des méthodes de plus en plus spectaculaires, perfectionnant sa technique et s'éloignant de plus en plus de l'univers figuratif et artistique du Japon moderne.
Alakazam le Grand fut le troisième dessin animé de long métrage réalisé au Japon. Les deux premiers films étaient dus à l'un des créateurs les plus prolifiques du Japon, Taiji Yabushita. C'étaient l'Enfant et le serpent blanc (Hakuja Den, 1958) et le Petit Samouraï (Shonen sarutobi sasuke, 1959), qui témoignaient de la vigueur d'une production nationale en pleine expansion."
"Légende de l'illustration : Fantaisie et magie, deux facteurs dominants dans l'argumentation des dessins animés japonais. Ci-dessus : le personnage principal du film le Petit Samouraï (1959), deuxième long métrage de Taiji Yabushita."
"Page précédente : trois photogrammes du film les Mille et Une Nuits (1969), d'Osamu Tezuka, pour la Mushi Productions."
"Légende de l'illustration : Ci-dessous : deux extraits du film Le petit prince et le dragon à huit têtes (Wampaku ogi no orochitaiji), d'Yugo Serikawa."
"Avant la Seconde Guerre mondiale, il existait déjà, à l'état embryonnaire, une production japonaise de dessins animés, sous la direction du pionnier Zemiro Yamanato qui, en 1947, va tenter la première organisation d'équipes de production. Quelques réalisateurs japonais n'oublient pas que le vrai pionnier du genre fut Noburo Ofuji, qui, en 1924, réalisa le Petit Banc sous le cerisier en fleur. Il avait notamment perfectionné les différentes techniques des «ombres chinoises» utilisées par Lotte Reiniger. Pour illustrer ses courtes histoires tirées de thèmes sociologiques traditionnels, légendaires et folkloriques, il confectionnait des personnages avec du «chiyogami», sorte de papier cellophane aux couleurs variées qu'il appliquait sur un fond de décor en verre polychrome éclairé par en dessous. Avec ce procédé, il réalisa deux versions de la Baleine, la première en 1927, l'autre en 1951. En 1955, il tourne le Vaisseau fantôme, sur un scénario original dont il était l'auteur : l'équipage d'un brigantin attaque un navire de croisière dont l'équipage était sans armes. Il servait en effet à permettre au prince et à la princesse de faire un agréable voyage en compagnie de joyeux lurons. Les pirates tuent, saccagent et incendient le navire et ses occupants. Mais lorsqu'ils s'éloignent, leur forfait accompli, le ciel se couvre de nuages orageux et tonne de colère. Ils reviennent dans les eaux de leurs crimes, à la recherche de nouvelles proies, mais la mer s'agite et de ses profondeurs un bateau surgit : celui qu'ils avaient coulé. Dès lors le vaisseau fantôme sera le cauchemar des pirates, qui choisiront de périr plutôt que de subir éternellement ce tourment surhumain.
Dans ce film, Noburo Ofuji évoque avec ses très originaux «chiyogami» le monde mystérieux du Japon antique, dont les légendes sont dominées par des éléments mystérieux et surnaturels. Ainsi il met à nu l'âme japonaise sensible aux sortilèges et aux symboles magiques.
En 1965, peu avant sa mort, il réalisa un film ambitieux, utilisant toujours le procédé des «ombres chinoises»: la Vie de Bouddha (Shaka no Shogai). Son cinéma d'animation est fort différent de la production moyenne de la société Toei, l'une des cinq grandes maisons de production japonaises possédant un important secteur d'animation, et pour qui travaillaient différents réalisateurs, à l'échelle industrielle. Parmi eux, Taiji Yabushita, qui, on l'a dit, était l'équivalent japonais de Walt Disney. En effet, il a donné au Japon un dessin animé produit sur le mode industriel et s'est approprié certaines caractéristiques de l'œuvre de Disney, en particulier des personnages d'animaux anthropomorphes.
Ses débuts avaient pourtant été assez prometteurs. Nous avons déjà cité l'Enfant et le serpent blanc (1958), transposition d'une ancienne légende chinoise"
"Légende de l'illustration : Deux réalisations de Taiji Yabushita. Ci-dessous, à gauche: Anju to zushio-maru (1963}. A droite: un des petits personnages de Simbad le marin (Shinbad no boken)."
"où le bien et le mal s'affrontent dans un univers ultra-terrestre. La magie, qui est au-dessus de tout, permet sans doute les effets les plus surprenants et les plus inattendus, mais elle n'est jamais une fin en soi: elle recrée artificiellement le monde réel, symbolisé et fascinant. Evidemment, les influences occidentales gâchent légèrement cette magie. Les personnages humains sont soumis à des événements auxquels participent des animaux qui semblent jaillis de la faune disneyenne, un ourson et un renard qui sont les amis des deux amoureux de la fable: le jeune Hsu Hsien et la belle Pai Ning, réincarnation du Serpent blanc. Une fouine intervient qui est au service du mal... Par la façon dont ils sont traités graphiquement, ces personnages ressemblent moins à ceux de la belle légende qu'à des héros des bandes dessinées américaines.
Il en est de même du film du même auteur, le Petit Samouraï (1959), où la magie et les sortilèges deviennent les armes d'un enfant, élève d'un vieux sorcier, et qui mettra en déroute les forces du mal en prenant la tête d'une armée d'animaux.
Dans Alakazam le Grand, on l'a vu, les éléments magiques et surnaturels prédominent également, dans les affrontements entre le Ciel et l'Enfer. Le Roi des Singes défie les dieux, ce qui entraîne des luttes terrifiantes. Certes, le fait que ce sont des artistes orientaux qui traitent ces sujets leur confère un certain charme exotique. Disney lui-même a frôlé le fantastique d'Alakazam le Grand, dans l'amour entre le singe et sa compagne, avec des films comme Blanche-Neige et les Sept Nains.
L'abondance de la production japonaise de dessins animés dans ce style (spectacles merveilleux, dessins soignés et exceptionnels) fait une sérieuse concurrence aux studios de Burbank (Disney), mais cette concurrence serait plus valable si les auteurs restaient fidèles aux anciens mythes orientaux. Hélas! les productions japonaises ont cédé aux appels de la sirène occidentale. Perfectionnés techniquement et spectaculairement, les films demeurent absolument impersonnels. C'est le cas de certains films de Taiji Yabushita, comme Simbad le marin (Shinbad no boken), tiré des Mille et Une Nuits, ou de Yugo Serikawa, comme le Petit Prince et le dragon à huit têtes (Wanpaku ogi no orochitaiji).
Daizaku Shirakawa se montrera, en 1964, aussi habile et aussi fort que Walt Disney, avec son film Des chiens sur Mars (Wanwan Chushingura), mais cette œuvre aurait fort bien pu sortir des studios de Burbank, dont les productions les plus remarquable entre 1955 et 1960, furent précisément la Belle et le clochard (Lady and the tramp) et les 101 Dalmatiens (Hundred and one dalmatians), dont les personnage étaient des chiens. Ainsi les films japonais, malgré leur humour, leur technique et leurs qualités, perdent toute couleur nationale en imitant et en concurrençant Walt Disney.
En dehors de la Toei, d'autres maisons de production"
"Légende de l'illustration : Ci-contre : scène d'Alakazam le grand (Sai Yu-Ki), film réalisé en 1960 par Taiji Yabushita et Osamu Tezuka. En bas : photogramme du film Des chiens sur Mars (Wanwan Chushingura), de Daizaku Shirakawa, qui laisse percer les formes et le style de Walt Disney."
"Légende de l'illustration : Ci-contre : les personnages principaux de L'Ile au trésor (Dobutsu takarajima, 1971), de Hiroshi Ikeda, adapté librement du roman de R. L. Stevenson. Ci-dessous : le Chat botté (Nagagutsu o haita necko, 1969), de Kimio Yabucki, d'après le conte de Perrault."
"possèdent une branche active d'animation : la Eiga, la Nihon Doga, la Mushi (cette dernière fondée par le dessinateur Osamu Tezuka, qui produira, sous la direction d'Eiichi Yamamoto, le film Une histoire dans un coin (Aru Machikado no Monogatari, 1962), film au contenu purement réaliste inspiré par la réalité quotidienne et qui se termine par le bombardement d'une ville).
Parmi les nombreux artistes qui se livrent à ce genre de production, les genres et les styles sont très diversifiés. Certains, comme Kimio Yabuki, traitent les contes traditionnels européens (Andersen, Perrault avec les Contes d'Andersen (Andersen Monogatari) ou le Chat botté; d'autres, vers des thèmes d'aventures compliqués et dramatiques d'origine inconnue ou trop connue, comme Maseo Kuroda qui métamorphosa l'œuvre de J. Swift «les Voyages de Gulliver» en un récit de science-fiction : Gulliver, gladiateur de l'espace (Garibah no Uchu Ryoko) et comme Yugo Sei wa qui, en 1966 et en 1967, réalisa le début d'une série : Cyborg 009 (Saibogu 009, kaiju senso), sorte de «space-opera» peuplé de héros humains et de robots s'affrontant avec un certain Fantôme noir. La magie mêle les éléments fantastiques suggérés par la technologie moderne et les mythes antiques, avec la peur et l'angoisse de l'ère nucléaire. On sait que de nombreux cinéastes japonais, dans tous les domaines de leur création, ont tourné des films qui ne sont pas sans relation avec les tragédies atomiques d'Hiroshima et Nagasaki.
Il faut faire une place à part à un cinéaste tout à fait original, Yoji Kuri (né en 1928), qui travaille dans un tout autre registre. C'est un spécialiste de l'autodestruction, à quoi, selon lui, l'humanité est irrémédiablement condamnée. C'est le thème de son premier film, ultracourt, qu'il réalisa avec ses collaborateurs son propre studio de Tokyo, Kuri jikken manga kobe ? film assez terrifiant, empreint d'un pessimisme sarcastique. Pendant dix ans, Yoji Kuri va créer des œuvres tout empreintes de ce pessimisme, comme le Bouton ou Au fou!, vouées à cette cérémonie inconsciente de la destruction. Son graphisme est simple et compliqué à la fois, et ses récits sont violents, érotiques, parfois insoutenables. Ses héros grotesques voltigent d'une société matriarcale où l'on honore le buste d'énormes femmes aux formes opulentes et débordantes aux sociétés où l'on provoque par erreur un massacre atomique. L'assassinat y est pratiqué d'une manière absurde, individuellement ou collectivement. Le plus ironique des suicides est celui où un individu se supprime en respirant le gaz exhalé par son propre corps. Ailleurs, ce sont des morceaux d'êtres humains qui voltigent dans un espace sinistre: bras, jambes, troncs, pieds, organes sexuels (de préférence féminins), représentant un résumé obsessionnel du souvenir"
"Légende de l'illustration : Ci-dessus : Heidi (1975), d'Isao Takahata, tiré du roman de Johana Spyri, dont il existe de nombreuses adaptations aussi bien pour le cinéma que pour la télévision. Ci-contre : scène dramatique de Cyborg 009 (Saibogu 009, 1966), d'Yugo Serikawa."
"de la bombe atomique et de la frénésie érotique raffinée qui caractérise les sociétés orientales tournées en ridicule. Dans un de ces films, un canon moderne, inventé dans un but pacifique, se transforme en symbole phallique lorsqu'on l'excite avec des photos représentant des jeunes filles aux formes généreuses et simplement vêtues de leur nudité candide.
Si l'on jugeait la société japonaise à travers les seuls films de Yoji Kuri, on pourrait en déduire que le matriarcat américain n'est qu'un simple jeu d'enfant comparé à ce qui se passe dans les familles japonaises. Des femmes terrifiantes tyrannisent des petits hommes sans défense, aussi inoffensifs que des bébés-chiens et qui cherchent vainement à fuir cette torture. Pourtant, si on les regarde bien, on s'aperçoit que le cinéaste démontre tout le contraire: la condition de la femme japonaise est encore humiliante. Ses relations avec l'homme restent celle de l'esclave; en retournant cette réalité, Kuri fait justice, par la caricature, de cette situation incroyable.
Yoji Kuri n'est pas seulement cinéaste. Ses films sont ceux d'un homme politique, d'un sociologue et d'un pacifiste, mais lorsqu'il interprète à sa manière le monde actuel il ne peut se soustraire entièrement à certains conditionnements de la culture qu'il critique, parfois avec violence. Ainsi dans l'un de ses petits"
"Légende de l'illustration : Deux échantillons de la personnalité de Yoji Kuri dans le domaine du cinéma d'animation. En haut : Au fou! (1966); ci-contre : The midnight parasites (1972)."
"chefs-d'œuvre, Human zoo, qui montre l'emprisonnement d'un petit homme dans une cage par une femme cruelle, la répétition systématique de gestes et de situations, pendant les trois minutes de projection, aboutit à reproduire la mystique rythmique du Théâtre No traditionnel d'une façon moderne. Il en est de même dans son utilisation de la couleur volontairement claire, de la stylisation faussement naïve de ses dessins. Il cherche à choquer le public et il y réussit parfois. Son imagination graphique, ses trouvailles d'apparence improvisée, l'animation sans cesse renouvelée (la visualisation de la musique à l'aide d'un pianiste assis sur son propre clavier) en font un artiste exceptionnel, Une définition assez juste de l'univers de Yoji Kuri fut donnée par David Robinson dans «The Financial Times» : «C'est un monde de libre association surréaliste où n'importe quel objet peut à tout moment se transformer en quelque chose d'autre: une femme se transforme en sein, un sein se métamorphose en homme, un œuf devient oiseau qui vole et devient un chien qui, à son tour, se change en femme qui se métamorphose en cuisse, avec une jarretelle ; c'est tout un rêve de membres amputés, de personnages qui se dilatent et disparaissent, d'œufs, d'oiseaux, de monstres, de chiots, tous prisonniers dans une boîte qui devient une pièce, etc. » "
Mais cette complexité est plus apparente que réelle. Bien que Yoji Kuri le nie, ses films appartiennent au monde de l'absurde. Sa vision de la vie est désespérée, angoissée et se réfugie dans un humour surréaliste et parfois franchement grossier. Il semble dire que l'humanité est composée de gens incapables, ineptes, lubriques, qui ne sont pas utiles à eux-mêmes et qui ne méritent même pas la fin qui les attend.
Dans Poissons grillés, il brosse une allégorie de l'humanité représentée par un couple qui, chassé par une catastrophe, se réfugie sur une île déserte. L'homme et la femme décident de faire de ce lieu un nouveau paradis terrestre et d'y vivre en paix. Mais le progrès scientifique — celui qui est fondé sur la destruction — apparaît de nouveau et crée une nouvelle fois une vie artificielle, qui est à l'origine de l'Apocalypse. Le couple sans défense survivra à cette nouvelle catastrophe et repartira à la vaine recherche d'un havre de paix. Les perspectives sont pessimistes.
Décidément existentialiste, Kuri semble tremper ses pinceaux dans l'encre où Ionesco puise des sujets ; mais sa forme polémique est souriante et bouffonne: elle est parfois claire et souvent déconcertante. Il a tourné des films d'animation avec des personnages humains un peu comme McLaren dans son célèbre film la Chaise: c'est une variation sur le même thème, la solitude, accompagné du dégoût de l'homme devant un objet inanimé qui prend brusquement vie et lui rend l'existence impossible.
Au Japon, le dessin animé est connu sous le nom de «manga». Ceux créés par Yoji Kuri, qui passent souvent sur les écrans de la télévision, sont précédés par un « carton » qui ressemble à celui des Frères en tricot du cinéma d'animation tchécoslovaque: trois petits hommes nantis d'une abondante chevelure et coiffés d'un petit chapeau.
Voici une deuxième partie intéressante, tirée du chapitre "Cinéma asiatique" de ce même volume.
"Légende de l'illustration : En haut : Andersen Monogatari (1968), de Kimio Yabuki. En bas : la Princesse Sirène, de Tomoharu Katsumata. Les deux films constituent des réalisations de la compagnie japonaise Toei et s'inspirent des contes de Hans Christian Andersen."
"Traditions et renouveau orientaux
Japon
Rien n'a beaucoup changé au Japon, où la compagnie Toei demeure pratiquement la seule qui réalise régulièrement des dessins animés de long métrage à la chaîne, sur le lointain modèle de Walt Disney, toujours lui: l'un des plus récents, la Princesse Sirène (Ningyo Hime), s'inspire d'un conte de Hans Christian Andersen, et n'est en somme qu'une séquelle du précédent, les Contes d'Andersen (Andersen Monogatari), réalisé par Kimio Yabuki en 1968 pour la même Toei. Ces films sont destinés principalement aux familles et aux enfants, et empruntent à l'«exotisme européen» un style édulcoré avec une certaine habileté technique. Quelquefois, la compagnie rivale Toho s'aventure bien à produire un long métrage animé, comme Attaku nanba wan (1970), mais elle ne parvient pas à concurrencer sérieusement la Toei, trop bien installée sur le marché.
En revanche, on peut signaler les efforts constants d'une compagnie indépendante, Mushi Productions, qui produit des longs métrages depuis le début des années soixante, et dont les derniers résultats ont été remarqués en Occident, surtout parce qu'ils s'adressent à un public adulte en distillant une certaine dose d'érotisme: les Mille et Une Nuits (1969) et Cleopatra (1970), tous deux dirigés par Osamu Tezuka, en empruntant à nouveau leurs thèmes à des traditions culturelles «exotiques» pour le public japonais, étaient des sortes de brouillons talentueux; mais le véritable chef-d'œuvre de Mushi Productions est Belladonna (1974), une adaptation de «la Sorcière» que Jules Michèlet publia en 1862. Sous la direction magistrale d'Eiichi Yamamoto et de Kuni Fukai, Belladonna est devenu un flamboyant poème érotique, à l'invention plastique constante, et au charme envoûtant. Jeanne. la paysanne qui devient malgré elle une sorcière, est aussi un symbole de libération, et les meilleures séquences, qui sont autant de références à des artistes européens du domaine fantastique (Bosch, Beardsley, Callot. Chagall, etc.) la montrent en proie au démon du mal, Aku, dans un délire esthétique assez fascinant. Toutes proportions gardées, Belladonna est au Japon ce que Yellow submarine a été à l'Angleterre des années soixante. Malheureusement, malgré des mois de travail et le résultat artistique, le film ne fit pas une carrière commerciale exceptionnelle, et la compagnie Mushi fit faillite peu après; ce qui n'empêcha pas ses maîtres d'œuvre (Eiichi Yamamoto et Osamu Tezuka) de récidiver en 1974 avec un autre conte européen, Jack and the beanstalk, déjà traité en 1938 par l'animateur Wagoro Arai.
Parallèlement, des artistes indépendants continuent de réaliser d'ingénieux courts métrages, et le plus"
"Légende de l'illustration : Une reproduction complète des monstrueuses poupées animées d'Eiji Tsuburoya que l'on retrouve dans les films d'horreur japonais et dont le principal réalisateur est Inoshiro Honda."
"connu est toujours l'insolite Yoji Kuri (avec sa société, la Kuri Jikken Manga Kobo), qui a lui aussi exploré à sa manière l'art fantastique européen, avec les Parasites de minuit (1972), une satire du monde moderne vu à travers Jérôme Bosch, et Parodie de Breughel (1975), où il utilise une toile de Breughel pour animer des saynètes farfelues. Si le ton est toujours loufoque, il semble pourtant que Kuri ait des difficultés à renouveler son graphisme et son inspiration. Il faut donc regarder du côté des nouveaux animateurs au style frais et personnel: Haï Fukushima (Le Grand Tour, 1972); Taku Furukawa et son très curieux Phenakis-tiscope (1975); Kihachiro Kawamoto, remarqué à Annecy pour son film de marionnettes raffiné s'inspirant du style japonais médiéval, la Diablesse (Oni, 1972) et pour Une vie de poète (1974), d'après une nouvelle de Kobo Abe; Sadao Tsukioka, le plus spontané avec Furukawa (Spotlight, 1971, ou le «show» d'un gentil dragon); Tatsuo Shimamura et ses recherches plastiques (Fantastic city et Transparent man), Uno Akisa et son graphisme fantastique (Fête blanche), et tant d'autres.
Par ailleurs, n'oublions pas l'immense consommation de dessins animés faite par les nombreuses chaînes de télévision japonaises, où passent et repassent des séries très populaires, souvent adaptées de bandes dessinées connaissant un égal succès. En 1975, on a pu y voir par exemple le Chien des Flandres, un vagabond de génie et Ako-Chan la secrète.
Enfin, on a tendance à négliger le rôle très important de l'animation « bis » dans laquelle se sont spécialisés les Japonais pour les films fantastiques: des séquences entières de « films de monstres » de la compagnie Toho sont réalisées par des maîtres des effets spéciaux à l'aide de maquettes et en animant des « monstres » en réduction, qui ne sont autre que des marionnettes perfectionnées. Le maître des effets spéciaux était Eiji Tsuburaya, véritable créateur du fameux avatar de King-Kong, Godzilla (1954), et il n'a cessé depuis lors de lui donner une progéniture : Mechagodzilla, Motbra, Varan, etc. Depuis sa mort récente, son proche collaborateur Teruyoshi Nakano a repris les monstres à son compte et continu la série tout en dirigeant les effets spéciaux des « fil catastrophes » nippons, comme la Submersion du Japon (1974) ou les Prophéties de Nostradamus (1975). Malheureusement, cette animation industrielle n'est pas toujours soignée et manque de poésie."
Outre l'intéret historique de cette encyclopédie, j'ai été tout particulièrement intéressé par ce passage disant qu'au milieu des années 70 l'animation japonaise était déjà connue ET reconnue en occident, avant de sombrer pendant plus de 10 ans dans le plus grand mépris, de Goldorak jusqu'à Akira qui viendra bouleverser la donne: "En revanche, on peut signaler les efforts constants d'une compagnie indépendante, Mushi Productions, qui produit des longs métrages depuis le début des années soixante, et dont les derniers résultats ont été remarqués en Occident, surtout parce qu'ils s'adressent à un public adulte en distillant une certaine dose d'érotisme: les Mille et Une Nuits (1969) et Cleopatra (1970), tous deux dirigés par Osamu Tezuka, en empruntant à nouveau leurs thèmes à des traditions culturelles «exotiques» pour le public japonais, étaient des sortes de brouillons talentueux; mais le véritable chef-d'œuvre de Mushi Productions est Belladonna (1974), une adaptation de «la Sorcière» que Jules Michèlet publia en 1862."
02 janvier 2010
La première rétrospective sur les mangas à Paris a eu lieu fin 1970!
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Vous croyez tout savoir sur l'histoire des mangas et animes en France, n'est-ce pas? Vous savez que l'arrivée de Goldorak en France date du 3 juillet 1978, que le premier numéro du Cri qui tue est de juin 1978 (http://japon.canalblog.com/archives/2009/01/29/12278073.html), qu'en octobre 1969 le magazine Budo Magazine Europe publiait déjà des mangas en VF (http://japon.canalblog.com/archives/2005/12/19/1128926.html) mais saviez-vous qu'à la fin de l'année 1970 il y avait eu une rétrospective sur les mangas, au cœur même de Paris, au drugstore Publicis de St Lazare, à la demande de l'ambassade du Japon?
C'est en lisant l'article consacré aux mangas dans le N°21 de la revue Phénix de 1972, par Claude Moliterni et Kosei Ono, que j'ai découvert la phrase suivante "En 1970, à la demande de l'ambassade du Japon, j'ai présenté une rétrospective de la B.D. japonaise" (http://japon.canalblog.com/archives/2009/04/04/13260437.html). Ce fait m'était totalement inconnu; j'ai alors essayé de trouver des infos sur cet évènement mais le web est complètement muet; j'ai envoyé un mail à l'ambassade du Japon mi 2009 mais le service culturel de l'ambassade ayant déménagé à deux reprises depuis 1970, ils n'ont plus d'archive de cette époque; en outre plus aucune personne de 1970 ne travaille encore à l'ambassade, il est donc impossible de récupérer des informations par ce canal. Ajoutez à cela que M. Moliterni est décédé début 2009 et l'horizon était bien sombre pour mes recherches.
Heureusement j'ai pu entrer en contact avec Cecil McKinley, la personne qui gère les archives de Claude Moliterni et j'ai eu de sa part confirmation qu'il y a bien eu à la fin de l'année 1970 une grande exposition sur les mangas, au drugstore Publicis de St Lazare, organisée par M. Moliterni. J'attends de sa part d'autres informations comme savoir quels mangas étaient exposés, à quelles dates, y avait-il des invités... mais pour le moment partageons ensemble cette redécouverte venant du plus profond des temps anciens du manga en France :-)
[EDIT 20/02/2012]
Sur le site ActuaBD http://www.actuabd.com/Angouleme-2012-Les-organisateurs#forum37145 j'ai appris que Kosei Ono n'avait pas participé à l'exposition. Elle semble donc être le fait uniquement de Claude Moliterni.
L'article de 1972, confirmant bien que l'exposition de 1970 a eu lieu alors que l'article de 1970 ci-dessous n'est pas très clair : l'évènement est à venir (a t-il bien eu lieu) ou bien s'est-il déjà déroulé? Là, on est sur qu'il a bien eu lieu! A noter que cet article fait d'ailleurs suite à cette exposition puisque, d'après ce que j'en comprends, M. Moliterni a fait son expo sans avoir les références des oeuvres exposées et il se rattrape avec ce dossier présentant la BD Japonaise avec de très nombreuses illustrations mais légendées cette fois!
Dans le numéro 15 de Phénix du 4ème trimestre 1970, on cite pour la première fois cet évènement.
29 novembre 2009
Hideshi Hino, mangaka de l'horreur
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Editions française, japonaise et américaine de "Panorama of Hell"
Hideshi Hino est un mangaka né en 1946 qui s'est spécialisé dans les mangas horrifiques. Son œuvre la plus connue est "Panorama of Hell", publié en 2004 en France par IHMO sous le nom de "Panorama de l'Enfer" (voir mon post ci-dessous). Mais cet auteur prolifique a dessiné bien d'autres BD, surtout pour un public assez jeune, et c'est d'elles dont je vais parler ici. Je présenterai seulement le début de ces histoires, avec divers extraits, pour que vous puissiez vous faire une idée de son style et des scénarios qu'il affectionne. A noter qu'il a aussi réalisé deux chapitres de la série cinéma très controversée des Guinea pigs.
Dans cette histoire, une lycéenne est harcelée par un amoureux a l'air dérangé et qui se révèlera encore plus glauque que son aspect ne le laisse penser.
Ici, un groupe d'adolescentes se rend à la campagne pour rencontrer, dans un luxueux manoir, le correspondant d'une des filles. Bien sur ça va vite, très vite, dégénérer, dans une ambiance digne de Barbe-bleue.
Autre double page; une superbe maison, imposante, chargée d'une sourde menace, surtout qu'elle comporte une salle de torture!!!!!
Hino commence souvent ses histoires par une double page de paysage, sans présence humaine. Cela permet de placer le décor et de rapidement nous mettre dans l'ambiance.
L'exemple même de la brute tueur chez Hideshi Hino : un géant, cannibale, au physique aussi immonde que son âme torturée. Vous noterez aussi l'archétype de la femme fatale : une beauté glaciale, assez jeune, yeux étroits, lèvres noires, en kimono...
Dans ce manga une jeune fille est pourchassée par une armée de poupées tueuses. La horde de ces entités démoniaques est souvent la même : des êtres avec peu de cheveux, des yeux globuleux et rougis, nus, des bouches immenses..
Une autre histoire, sur le mode classique de Hino, à savoir l'irruption du surnaturel dans la vie banale d'une famille
Encore une double page, inquiétante, nous plongeant immédiatement dans l'atmosphère glauque du manga
Des tueurs laids, grotesques, dégénérés... des cauchemars qui se sont matérialisés dans notre monde par on ne sait quel maléfice, vous en croiserez plein dans les mangas de Hino
Encore un thème récurrent chez ce mangaka : la dissolution des corps, leur liquéfaction et explosion sous forme de multiples jets de liquides
Autre histoire surnaturelle, dans un milieu lycéen, avec l'apparition d'une beauté fatale qui est en réalité la réincarnation d'une princesse suicidée il y a plusieurs siècles. Vous noterez que l'héroïne féminine est la même que celle de l'histoire ci-dessus.
Page classique chez Hino : une beauté démoniaque entourée du mal mais qui la domine et la contrôle
Une autre histoire, encore dans le milieu lycéen où, touche d'originalité, le style de Hino est beaucoup plus réaliste, notamment dans le visage squelettique de l'apparition. D'habitude son style fait plus jeune, plus shonen que seinen.
Cette approche réaliste est rare chez Hino mais plus dérangeante car plus adulte; profitez-en!
Ce recueil d'histoires est particulièrement intéressant car il comporte une histoire qui est l'ébauche de son œuvre majeure, "Panorama of Hell"
Première histoire, sur l'après-guerre au Japon et l'occupation américaine. Le héros ressemble déjà furieusement à celui de "Panorama of Hell".
Dans celle-ci, c'est un médecin-vétérinaire fou qui est au centre de l'intrigue
Le prototype de "Panorama of Hell", sous une forme bien plus enfantine, au trait mal assuré mais l'essentiel est là!
Deux livres de Hino sont à ce jour disponibles en France, "Panorama de l'Enfer" et "Le serpent rouge". Ce dernier est moins complexe que le premier, moins ambitieux, l'histoire plus linéaire, les personnages moins charismatiques mais il contient quand même son lot d'atrocités et de visions horribles.
Hell baby, édition US, avec une couverture traumatisante...
Pour ceux qui ont eu le courage de tout lire, voici les images d'un art book de ce mangaka appelé "The art of Hideshi Hino" chez Presspop Galery. Ce recueil au format A4 fait 95 pages, contient une cinquantaine d'illustrations pleine page et trois BD "Memories of the mermaid", "The red fruit" et "Snow flower". Les peintures sont très colorées mais, je vous préviens, assez horribles puisque beaucoup de personnages ressemblent à celui de Hell baby (voir ci-dessus) : c'est tout sauf kawaii!
22 novembre 2009
Panorama of Hell (Panorama de l'Enfer) de Hideshi Hino
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Un panorama de l'enfer, tel est le voyage auquel nous convie Hideshi Hino à travers l'hallucinante histoire d'un peintre et de sa famille. Celui-ci utilise son sang comme peinture pour réaliser ses toiles! Il l'obtient soit en se coupant la chair soit en vomissant, après avoir ingurgité de l'acide hydro-chlorique. Son chef-d'œuvre s'appellera donc "Panorama de l'Enfer", mais avant de nous en dire plus il nous propose de visiter les alentours de sa maison.
D'un côté une guillotine, exécutant des dizaines de condamnés. Leurs têtes sont entreposées dans un train puis les corps vont se consumer et se tordre sous les flammes du crématorium se trouvant à proximité. Mais ils ne sont pas tous brûlés, une partie est enterrée dans le cimetière jouxtant la demeure du peintre. C'est un immense champ de croix, s'étendant à perte de vue et dont chacune est surplombée d'une tête d'animal (porc, chien...), dévorée par les vers et les corbeaux. La nuit, les fantômes des guillotinés sortent de leurs tombes pour rechercher leurs têtes mais ils n'ont que celles des bêtes pour les satisfaire.
Nous découvrons ensuite la famille de ce personnage. Il a une petite fille, Kyoko, dessinant des scènes de meurtres ou des animaux morts, recueillis dans la rivière et gardés dans sa chambre. Le garçon s'appelle Kyota et s'amuse à tuer toutes les bêtes passant dans son champ d'action. Mais leur grand plaisir est d'assister, de leur chambre, au spectacle des exécutions et de chanter un hymne à la guillotine pour exprimer leur joie de voir tant de sang versé. Sa femme tient la Taverne de l'Enfer et ses seuls clients sont les fantômes des guillotinés. Comment boire et manger sans tête direz-vous? Facile, armée d'un grand couteau de boucher, elle leur découpe une nouvelle bouche à la hauteur du thorax et du cou.
Un extrait de la version japonaise
Vient ensuite l'histoire de trois générations de tatoués. Cela commence avec le grand-père, joueur invétéré, malchanceux, violent, alcoolique, avec comme tatouage un serpent sur le dos. Il se fera attaqué un soir par des joueurs avec lesquels il s'était querellé. Ruisselant de sang suite aux coups de sabres reçus, c'est de sa main qu'il mourra en se faisant Seppuku. Cela libérera les centaines de dés à jouer contenu dans son corps puis il finit comme il l'a si souvent rêvé, dans la neige, couvert de sang. Sa femme se fera tuer peu après par un pervers.
Leurs deux enfants durent partir chacun de leur côté pour travailler, et ce malgré leur jeune âge. La fille mourra rapidement d'épuisement. Le garçon (le père du peintre), devenu adulte, se fera tatouer une chauve souris pourpre sur le dos. Il partit ensuite à l'aventure en Mandchourie, tenter sa chance. Il s'y maria mais la guerre éclata entre le Japon et la Chine et il fut obligé de rentrer dans son pays. Là, son fils le retrouva mort, dans une rivière, alors que tombait la neige; la chauve souris avait disparu. Le jeune frère du peintre eut également un destin tragique. Violent, bagarreur, alcoolique aussi, c'est un dragon qui orne son dos. Il fut découvert à moitié mort, le crâne défoncé, le corps sous la neige, près de Hell River. On réussit à le sauver mais le lendemain il se transforma en un amas de chair dont seul le dragon indiquait qu'il s'agissait bien du frère du peintre.
Leur mère devint folle lors du terrible voyage de retour de la Mandchourie vers le Japon. Le 6 Août 1945, le jour d'Hiroshima, un éclair venu de la bombe frappa la mère du peintre et permit à l'embryon de percevoir le monde extérieur, du moins d'après ses dires. Dans le ventre de celle-ci, il vit les horreurs de la guerre, toutes les atrocités commises et cela le marqua jusque dans sa chair. En 1946, lorsqu'il naquit, il avait l'air d'un démon et on conseilla même aux parents de le supprimer. On s'aperçut qu'il n'était pas normal lorsqu'il lécha par terre le sang d'une personne s'étant tiré une balle dans la tête. Son père voulut le tuer, sa femme s'y opposa. C'est lors d'une tentative de lynchage des réfugiés japonais par des chinois que sa mère perdit la raison en voyant, suite à un jet de pierre, du sang couler de sa tête.
Enfant, le peintre était fréquemment battu, tant par son père, qui n'a jamais supporté son regard, que par sa mère, semblant trouver une excitation sexuelle à verser le sang de son fils. Pensant que c'était la bombe d'Hiroshima son vrai père, il sculpta un jour en argile un champignon atomique et l'arrosa du sang d'animaux sacrifiés. Par des prières il réussit à déclencher un incendie dans la maison d'un voyou l'ayant battu. Il se crut alors doté de pouvoirs et continua sur sa lancée, en créant des catastrophes toujours plus importantes. Mais, en quête d'absolu, son rêve est de peindre l'Enfer et pour cela il pense qu'il faut déclencher une autre guerre mondiale, en appuyant par la pensée sur le détonateur de toutes les armes nucléaires de la Terre. Sombrant ensuite dans la folie la plus totale, il tue ses enfants, sa femme et sa mère pour qu'ils ne voient pas cette vision de l'enfer sur Terre.
En réalité sa famille supposée n'a jamais existé. Il ne s'agissait que de mannequins de bois et son frère, quant à lui, n'était que le cadavre d'un porc. Sortant de chez lui, en proie à une folie homicide, il voit qu'il neige. Cela le perturbe encore plus et sa seule obsession n'est plus que de tous nous tuer, pour recouvrir la Terre de sang.
Après ce résumé, essayons d'analyser le manga; tentative dérisoire vu sa noirceur et sa richesse. Toute interprétation ne peut alors qu'être subjective et ne contenir qu'une part de vérité. Voyons d'abord le peintre. Il vit enfermé chez lui, utilisant son sang pour réaliser ses tableaux. Il n'a jamais eu de femme, d'enfant, de frère si on en juge par le fait qu'il s'agit de mannequins et d'un cadavre de porc. Prisonnier de sa solitude, de ses délires (de vraies auto-intoxications), il tente de justifier cet état qu'il sait anormal par l'invention d'une malédiction semblant régner sur sa famille. Mais il est allé trop loin dans ses délires, il ne voit même pas qu'il vit avec des marionnettes qu'il a fabriquées. Il n'a pas su s'arrêter à temps et à sombré corps et âme dans son enfer intérieur. Ensuite il a glissé de la folie douce vers la folie homicide comme le montre l'évolution des visages de la première à la dernière page.
C'est cette vie intérieure qu'il veut immortaliser avec son chef d'œuvre "Panorama de l'Enfer", peint avec son sang. On voit dessus un corps éventré dont les entrailles ont un aspect de crânes. Même s'il s'agit de celui d'une femme (essaye-t-il de se cacher la vérité?) c'est de lui dont il s'agit. Il est rempli de mort et le seul moyen pour se débarrasser de ses démons lui semble être l'éventrement.
Son grand-père a compris cela et il s'est fait Seppuku pour projeter hors de lui le démon du jeu qui le détruisait (symbolisé par les dés qu'il mangera ensuite, comme s'il ne pouvait se passer de cette véritable drogue). Mais le peintre a dépassé ce stade où en représentant ses problèmes, en en prenant conscience, on peut les combattre. En passant des journées à dessiner ses fantasmes il ne fait qu'aggraver son cas, démultiplier sa folie et son amour de la mort et du sang. Il s'abîme dans ses délires et vole au dessus de milliers de cadavres imaginaires et d'une mer de sang. Quelle sombre jouissance il doit éprouver en rêvant de telles choses pour continuer de la sorte. Une délectation morbide s'empare de lui, le consume, l'enivre, lui donne le vertige lorsqu'il repousse ainsi les limites de son enfer. Cela lui donne une telle énergie, une telle illusion de puissance qu'il est prêt à s'attaquer au reste du monde. Chacun prend feu comme il peut!
On peut même se poser la question de savoir s'il souhaite échapper à son sort. Peut-être ignore t-il qu'il n'est pas unique, mais assurément il sait qu'il est différent des autres. Et vu la façon dont il se repait de ses fantasmes on a l'impression qu'il s'y raccroche, comme s'il avait peur de devenir quelqu'un d'ordinaire, de banal, perdu dans la foule, dans la masse des anonymes. Il n'a que cela pour se distinguer, crier qu'il existe, et il y tient. Il refuse de devenir comme les autres, il sent, il est persuadé qu'il mérite mieux que cela. Il rejette tout, seul contre tous, prêt à tuer l'humanité entière. Ce rôle lui plaît.
Ce peintre est-il Hideshi Hino? Entre la peinture et le dessin il y a peu de différences. On se pose la question quand on sait qu'il a réalisé plus de treize ouvrages de ce genre. Pour passer autant de temps sur de tels sujets il faut des raisons profondes. Une thérapie, un exorcisme? Hideshi Hino veut-il se débarrasser de vieux démons qui l'empêchent de vivre, qui le détruisent et l'emmènent toujours plus loin vers le côté sombre, laissant loin derrière la lumière? Fais t-il comme Mishima avec son roman "Confessions d'un masque"? Sur la couverture du manga, le peintre s'arrache la peau et la chair du crâne, il tombe le masque, il veut se juger à nu. Quelles blessures à jamais refermées essaye t-il de guérir par cet exhibitionnisme? Ou bien n'y a-t-il aucun alibi, aucune justification, juste la défonce, le plaisir, enivrant, malsain et dangereux. A moins que tout ceci ne soit finalement qu'un mélange de rire obscène et d'un cri de haine, jeté à notre face et à celle de la société: "Voyez ce que vous m'avez fait, voyez ce que je suis à cause de vous",
En poussant plus loin cette interprétation, on peut se poser la question suivante: Le peintre n'est-il pas Hideshi Hino tel qu'il se rêve, tel qu'il voudrait être? Il est trop fou, le manga est trop noir, il y a trop de trouvailles, de sang, pour que ce ne soit pas une représentation extrême de désirs secrets, honteux. La neige et le sang sont étroitement liés dans ce manga. C'est dans la neige qu'on retrouvera le grand-père, le père et le jeune frère du peintre plus ou moins morts. Vu ce que l'on vient de dire, on peut considérer cela comme le choc de deux absolus. Celui du blanc, de la lumière et de la normalité, représenté par la neige, et celui du noir, du mal, des ténèbres avec ce sang qui est au cœur de l'œuvre et de la vie du peintre.
C'est dans ces moments de morts violentes que ces deux absolus se rejoignent, se recouvrent, se mélangent, comme si la quête de l'absolu du côté noir n'était que le contre coup de la déception de ne pas l'avoir trouvé dans le monde normal. La neige est associée à la mort, comme si ce symbole de pureté était insoutenable pour celui emplit de ténèbres, ne supportant pas de voir la blancheur perdue et pourtant sans cesse recherchée, rêvée, même en empruntant de sombres chemins. Le grand-père du peintre dit qu'il a toujours voulu mourir dans la neige, couvert de sang.
"PANORAMA 0F HELL", une perle noire luisant d'une sombre lumière dans un écrin rouge sang. Pour lecteurs avertis.
Ceux qui veulent en savoir plus sur de tels désordres mentaux peuvent lire: "Un enfant malade de la mort (lecture de Mishima, relecture de la paranoia)" par Hélène Piralian dans la collection Emergence, ainsi que "Le cœur de l'homme" d'Erich Fromm dans la Petite Bibliothèque Payot.
Un grand merci aux Editions IHMO pour avoir traduit ce superbe manga en octobre 2004!
L'édition américaine
Pour info, c'est un article très légèrement remanié que j'avais rédigé pour le numéro 09 du fanzine Animapa, il y a plus de 15 ans de cela, en septembre 1993!
26 septembre 2009
Cutey Honey : la série des fauvistes!
Notes liées dans mon blog : Liste articles mangas et dessins-animés
Le rose, LA couleur de "La guerrière de l'Amour"
Quelqu'un parmi vous a t-il déjà vu la première série de "Cutey Honey", celle de 1973-1974, arrivée dans le club Dorothée en 1988 sous le nom de Cherry Miel? 20 ans déjà... ceux de moins de trente ans n'ont pas connu les aventures de la guerrière de l'amour et de la transformiste la plus célèbre de l'animation nippone. Dans le cas contraire, vous vous souvenez certainement des couleurs flashy et improbables de la série, très typées années 70 et délire psychédélique sous acide. J'ai revu la série dernièrement et je tenais absolument à faire un post dessus pour vous faire profiter de ce délire visuel.
Pour rappel, Cutey Honey est une série de Go Nagai, le prolifique papa de Goldorak! Cutey est une sorte d'androïde biomécanique, créée par le professeur Kisaragi. Celui se fait assassiner par l'organisation criminelle Panther Claw et Cutey Honey se jure de le venger. Ses pouvoirs lui permettent notamment de se déguiser en un clin d'oeil en de multiples personnages ( chanteuse, vagabond, hôtesse de l'air...), de manier avec dextérité une épée et d'utiliser un redoutable boomerang tranchant comme un sabre. Elle est aidée dans ses aventures par un journaliste-détective-agent secret ainsi que par un clone de Rigel en vieux ninja libidineux!
Dans cette série rien n'échappe à l'exubérance des coloristes : collines roses, ciel bleu, vert, jaune, immeubles et escaliers arc-en-ciel, costumes multicolores échappés d'un défilé de mode sous champignons hallucinogènes, vilains sortis tout droit d'un tableau des fauvistes... cette série est une orgie visuelle, un festival chromatique de tous les instants.
OUVREZ VOS YEUX, LE TOUR DEMARRE!
Tout d'abord les paysages : collines roses, ciel de toute les couleurs, arbres roses, bleus et violet, on nage en plein délire réaliste : les daltoniens ont pris le pouvoir!
Cutey Honey, l'héroïne court vêtue
Alors là, le décor ne veut même plus rien dire, c'est Kandinsky qui est aux manettes!
Jolies couleurs pour cet ensemble; vous ne regrettez pas les années 70 et les pattes d'eph?
Le journaliste qui va aider Cutey dans ses combats contre le Panther Claw. Violet, rose, jaune, bleu, lui aussi n'est pas épargné.
La directrice de l'institution qui élève Cutey et son assistante : deux lesbiennes qui en ont après la guerrière de l'amour.
Intéressant au plus haut point ce passage, pour les couleurs de ses personnages d'arrière plan bien sur : vous en avez déjà rencontrées des filles avec la peau bleue ou violette?
Rigel, en ninja lubrique et malchanceux.
Immeubles, décors, intérieurs...L'institution religieuse de Cutey : tout est dit, la série semble être vue au travers de ces vitraux multicolores
Le laboratoire du professeur Kusaragi, avec ses teintes arc-en-ciel; idem pour l'escalier ci-dessous
Un bien beau ballon dirigeable, qui doit se voir de très loin!
Les vilains : le Panther Claw! Je vous laisse admirer les couleurs, l'exubérance de leur choix... fascinant!
Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous conseille l'article de Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Cutey_Honey. Cette série a eu une descendance nombreuse comme le précise le site Planète Jeunesse : http://www.planete-jeunesse.com/sources/series.php3?cle=38&sec=1
1994 Shin Cutey Honey (8 OAV diffusés sur Mangas)
1997 Cutey Honey F (série TV de 39 épisodes)
1998 Cutey Honey F (film)
2004 Re : Cutie Honey (3 OAV)
2004 Re : Cutie Honey (film live, avec de vrais acteurs donc)