"L’animation japonaise en France avant le 3 juillet 1978" - dossier de Jacques Romero de 2014
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Il arrive parfois, que sur Internet, on ait la joie de découvrir un article, ou un document, qui impressionne tellement par sa qualité que vous êtes presque envieux de ne pas l'avoir rédigé vous-même. Par exemple la thèse de doctorat de 2009 de Nolwenn LE MINEZ, 500 pages, intitulée "Histoire du cinéma japonais en France des années 50 à 80" http://japon.canalblog.com/archives/2019/02/03/37073785.html.
En 2014, Jacques Romero a écrit une étude, plus courte il est vrai, de 40 pages, "L’animation japonaise en France avant le 3 juillet 1978, et le manga avant son implantation : ébauche, d'une évocation à une autre...". Le fichier est à l'adresse http://lib.yamato.free.fr/doc/AJ_et_Manga_en_FR_av1978.pdf
À chaque page transparait la quantité de travail qu'a nécessité un tel travail, car, comme son titre l'indique, Jacques n'ambitionne rien de moins que de raconter TOUTE l'histoire de l'animation japonaise en France au XXᵉ siècle, à la télé, au cinéma, en B.D., avant le mythique 3 juillet 1978, date d'arrivée de Goldorak dans notre pays !
L'étude fait 40 pages et déborde d'informations. J'en suis resté bouche bée ; je n'ose imaginer le temps et la quantité de travail, de recherche surtout, qu'il a fallu pour rassembler cette masse gigantesque de données. Notez la précision de chaque référence, par exemple : date de diffusion au jour près, nom des œuvres en français et en japonais (kanjis et alphabet latin), nom du créateur/réalisateur, ainsi que la chaine de télé qui diffusait l'œuvre.
Le seul défaut de cette œuvre est qu'elle impressionne, qu'on peut reculer par peur de se noyer dans un texte de 40 pages qui manque cruellement d'organisation : pas de chapitre, sous-chapitre, sections etc. Résultat, une masse compacte qui peut rebuter et oublier ce document dans un dossier de son PC ; ce qui serait vraiment , vraiment dommage !
C'est le pourquoi de cet article : en mettant en avant quelques extraits, j'espère vous donner envie de lire en entier cette somme, qui fera date dans son domaine. Et ATTENTION, je ne mets ici que des extraits, certes représentatifs de l'étude, mais c'est tout le document qui est passionnant.
L'introduction présentant avec humilité l'énormité de la tâche à laquelle s'attaque l'auteur.
On enchaîne ensuite avec le long métrage "Le Serpent blanc", un film bien connu des amateurs français de japanimation puisque ressorti au cinéma au début des années 2000.
Sont mentionnées ensuite plusieurs séries télé pré-Goldorak, diffusées dans les années 60 : Oum le dauphin, le roi Léo, Caliméro... que de souvenirs les enfants de l'époque.
Vient ensuite l'évocation d'une personnalité, Kishi Keiki, dont je n'avais jamais entendu parler et qui participa à trois soirées télé consacrées au Japon du temps de l'ORTF. Là, j'avoue, les bras m'en sont tombés, c'est la première fois que j'entendais parler de ces soirées. Il va falloir enquêter !
Jacques nous parle ensuite des festivals français consacrés à l'animation et ceux où furent diffusés des courts métrages japonais. Cet aspect est peu connu des amateurs comme moi de la pop culture japonaise, car ils n'existent plus une fois l'évènement passé, sauf à retrouver des articles ou des communiqués de presse de l'époque. Un manga peut très bien avoir été édité il y a soixante ans de cela au Japon, traduit il y a plus de vingt ans en France, mais j'y ai accès sans problème en 2024, même s'il n'est plus édité car il existe la vente d'occasion. En revanche, pas de deuxième chance si on a loupé un festival, surtout que les œuvres mentionnées ne sont jamais sorties en VHS, DVD ou Blu-Ray.
Romero nous parle des années 60, mais remonte jusqu'aux années 1910 et mentionne même Jean Cocteau, Picasso et le peintre Foujita ; on croit rêver !
Après ce lointain voyage que je ne pensais même pas possible, nous arrivons aux années 60 avec, là encore, de belles découvertes. Par exemple, en 1967, des épisodes de la série télé "Cyborg 009" furent diffusés dans les cinémas français et des planches du manga furent aussi imprimées dans le journal L'Aurore. Qui le sait aujourd'hui ? Il existe de très rares traces sur le Net, et encore, elles renvoient vers un site payant, celui des archives de Gaumont et Pathé https://gparchives.com/index.php
Romero liste ensuite les encyclopédies des années 40 à 90 sur le cinéma, y déplorant le fort peu de visibilité de l'animation japonaise.
Nous arrivons ensuite à une partie de l'étude qui m'a fait TRES TRES TRES plaisir puisque Romero cite mon blog 😁😁
Il s'agit des articles rédigés sur le magazine français "Budo Magazine Europe" consacré aux arts martiaux et qui, en 1969, avaient publié et traduit des mangas de samouraïs. Cette histoire était encore très peu connue au début des années 2000, c'est pourquoi je suis fier de ces articles :
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"Premier manga traduit en France? 1969" http://japon.canalblog.com/archives/2005/12/19/1128926.html
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"Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1970" http://japon.canalblog.com/archives/2011/03/11/20605141.html
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"Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1971" http://japon.canalblog.com/archives/2011/03/19/20673575.html
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"Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1972" http://japon.canalblog.com/archives/2011/03/20/20680719.html
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""Budo Magazine Europe, les mangas publiés en 1973" http://japon.canalblog.com/archives/2011/03/23/20708357.html
Une conclusion pleine d'humilité.
Merci Jacques pour cette étude passionnante à lire, un peu trop complète diront certains, car il y a presque trop d'infos et on risque de s'y perdre à la première lecture ; d'où une deuxième, troisième... qui sont indispensables.
Un gros merci aussi pour tous ces évènements et références que j'ignorais et que tu as exhumé de l'oubli ; quelque chose me dit que je vais reprendre ma casquette d'Indiana Jones et repartir à la recherche d'informations détaillées sur ce que tu mentionnes, notamment la diffusion au cinéma d'épisodes de "Cyborg 009" en 1967.