Kuniyoshi le démon de l'estampe - exposition au Petit Palais 01/10/2015 - 17/01/2016
Tous les articles de mon blog
Le Petit Palais a organisé du 01 octobre 2015 au 17 janvier 2016 une magnifique exposition consacrée à Utagawa Kuniyoshi, un des maîtres de l'estampe japonaise.
Extrait du dossier de presse.
"Le Petit Palais invite le public à découvrir pour la première fois en France la production d’un artiste hors du commun, Kuniyoshi (1797-1861). Grâce à d’importants prêts japonais, complétés par ceux d’institutions françaises, les 250 œuvres présentées témoignent de son génie dramatique et de sa beauté expressive. L’exposition explicite la fonction de cette imagerie et son importance dans la culture japonaise, l’œuvre de Kuniyoshi, ayant largement influencé depuis l’art du manga et du tatouage. Contemporain presque exact d’Eugène Delacroix, Kuniyoshi est resté moins connu en Occident qu’Hokusai et Utamaro. L’anticonformisme de son œuvre le tint à l’écart de la vague du japonisme décoratif en Europe à la fin du XIXe siècle même s’il fut admiré de Monet ou Rodin. Ses estampes sont caractérisées par l’originalité de leur inspiration et des cadrages, la violence dans les séries de monstres et de combattants, l’humour dans les séries d’ombres chinoises, les caricatures et les représentations de la vie des chats."
Des dizaines et des dizaines d'estampes ont été rassemblées au Petit Palais dans des pièces d'un joli rouge.
Extrait du dossier de presse.
"Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’art japonais exerce en Occident une fascination inégalée qui engendre cet extraordinaire mouvement artistique qualifié de «japonisme». Dans les années 1860, les gravures ukiyo-e ou «images du monde flottant» représentant le monde des plaisirs, la vie et les mœurs populaires du temps ainsi que les portraits des acteurs et courtisanes célèbres, commencent à circuler en grand nombre à Paris, à la suite de l’ouverture du Japon au commerce avec la France, et de sa participation remarquée aux expositions universelles. Désormais considéré comme l’un des grands maîtres de l’ukiyo-e au XIXe siècle, Utagawa Kuniyoshi est resté moins connu en Occident que ses prédécesseurs Utamaro, Hokusai et Hiroshige. Le caractère exceptionnel de son œuvre le tient à l’écart de la vague du japonisme décoratif en Europe mais il séduit, dès le Second Empire, toute une génération plus avertie de marchands, collectionneurs et artistes, tels que Siegfried Bing, Philippe Burty, les frères Goncourt, Claude Monet ou Auguste Rodin, fascinée par l’étonnante inventivité de son répertoire iconographique."
Autre extrait du dossier de presse.
"Section I - légendes, guerriers et dragons
À l’aube du XIXe siècle, se développe au Japon une littérature d’aventure dont les personnages deviennent très populaires. Dans ces romans, les héros, guerriers historiques ou personnages légendaires, doivent affronter des esprits, monstres et créatures fantastiques en tous genres. Ces récits gravés sur des planches de format oban (environ 39 x 27 cm) sont accompagnés de gravures monochromes réalisées par des maîtres de l’estampe ukiyo-e. Kuniyoshi porte un intérêt particulier pour les estampes de guerriers dès le début de sa carrière. C’est avec la série des 108 héros d’Au bord de l’eau, éditée en 1827 et inspirée du célèbre roman chinois Shuihu zhuan, qu’il devient l’un des maîtres du genre. Les portraits de ces brigands chinois traités en pleine page, dans des positions de combat fort complexes, révèlent le talent de l’artiste pour des compositions dynamiques et des mises en scène dramatiques. Les immenses tatouages représentés sur leurs corps lancent un véritable engouement parmi les habitants d’Edo, qui se répand au-delà même du Japon et témoigne encore aujourd’hui de la popularité de l’œuvre de Kuniyoshi. L’artiste s’intéresse ensuite à d’autres héros de roman, donnant aux gravures de guerriers une plus vaste portée. Afin d’obtenir des fresques de grande ampleur, il privilégie le format en triptyque et tire parti des lignes droites comme des courbes pour exprimer la force, le mouvement et la vitesse. La mise en page hardie de ses dessins ainsi que la représentation des guerriers en action, se distinguent par leur originalité et leur grande modernité."
Quelques estampes consacrées aux guerriers.
Vous noterez la débauche de couleurs, les visages grimaçants, les postures athlétiques, le soin apporté à l'anatomie, les costumes et armures somptueux... de vrais chef d'oeuvres!
Certaines estampes tiennent sur trois pages.
"Le fantôme de Taira no Tomonori attaquant le navire de Yoshitsune".
"Une araignée de terre fait apparaître des démons dans le manoir de Minamoto no Yorimitsu".
Curieusement certaines postures sont anatomiquement irréalistes; regardez la position des pieds...
Kuniyoshi a aussi peint des estampes avec des animaux géants.
Une baleine qui semble sortir du cadre de l'estampe.
Regardez les anneaux du ventre de ce serpent, et cette couleur... magnifique!
Admirez le pelage du tigre, son regard plein de fureur.
Kuniyoshi a aussi réalisé des estampes représentant des lutteurs de sumo, sport roi à l'époque.
Sont présentées aussi des estampes baignant dans l'univers du fantastique : démons, squelettes, esprits d'animaux...
D'autres estampes sont consacrées au quartier des plaisirs de Yoshiwara avec ses célèbres courtisanes.
Dernière étape de l'exposition, des estampes où des chats sont utilisés en lieu et place d'hommes politiques ou acteurs de kabuki car la censure à l'époque interdisait leur représentation.
Un livre publié en octobre 1888 est aussi exposé, pour rappeler que le mouvement appelé "Japonisme" eu un grand impact dans le monde artistique français à la fin du 19ème siècle.
Affiche d'une exposition de 1890, "Exposition des maîtres japonais", tenue du 25 avril 1890 au 22 mai 1890 à l'école des beaux-arts. Parmi les sept cents estampes présentées à cette époque, une vingtaine étaient de Kuniyoshi. Il y a 125 ans déjà...