"Jump L'âge d'or du manga" par Hiroki Gotô
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"JUMP L'âge d'or du manga" est un livre de souvenirs, rédigé par Hiroki Gotô. Publié en juillet 2019 chez Kuro Pop, filiale de Kurokawa et traduit par Julie Seta, c'est la version française du livre "JUMP golden chronicle & miracle" de 2018 chez Kurokawa Japon.
335 pages, format 13*20,5cm.
Hiroki Gotô fut embauché chez Jump en avril 1970 puis devint de 1986 à 1993 le rédacteur en chef du Shonen Jump. Il s'agit du magazine de prépublication de bd le plus vendu au Japon. Créé le 11 Juillet 1968, il atteint un record de vente de 6,53 millions d'exemplaires hebdomadaires en 1994 et cela fut même inscrit dans le livre Guiness des records. En 2020, les ventes hebdomadaires de Jump ont chuté à 2 millions d'exemplaires, la faute à Internet et aux smartphones.
Les +
- le témoignage de première main d'une personne qui travailla au coeur du magazine à l'origine d'icônes de la pop culture mondiale comme Dragonball, Saint Seiya, City Hunter
- toute l'histoire du magazine Jump est retracée sur trois décennies (70, 80, 90)
- les secrets de fabrication du magazine sont dévoilés :
- le fameux questionnaire auprès des lecteurs qui détermine la popularité d'un titre et, pour les moins bons, leur arrêt de mort
- le concours de mangakas amateurs qui permit de révéler les futures stars
- le bouleversement introduit par Jump sur les contrats d'exclusivité avec les mangakas
- comment s'effectuait la sélection des mangas, quels critères permettaient de maintenir l'intérêt des enfants d'une semaine sur l'autre et comment devait être construite une bonne histoire
- comment les dessinateurs et responsables éditoriaux travaillaient au milieu des années 90 avant l'ère des réseaux
- l'auteur a parfois des avis tranchés et cash; en clair, il dit que tel manga ne lui plaisait pas, que travailler avec un tel était difficile... ces confidences franches sont inhabituelles au pays du Soleil Levant
- des histoires pas très reluisantes sont exposées, où l'auteur n'a pas le beau rôle, mais montrant bien le côté brutal du monde de l'édition à cette époque, notamment les surcharges de travail des dessinateurs pouvant mener à leur mort par burn-out et karôshi
- découvrir le métier de rédacteur en chef d'un magazine de prépublication de mangas, métier très peu connu en France
- des explications analysant pourquoi des titres ont pu devenir des best-sellers et pourquoi d'autres ont été des échecs
- beaucoup de références à des mangas totalement inconnus en occident, notamment des années 70, sur le sport et le baseball en particulier
- découverte de mangas qui ne paraîtront jamais en France à cause de leur sujet : le golf, le patchinko, le caca (si si, vous avez bien lu, un manga fut un hit au Japon en racontant des histoires scatologiques)
- découverte de mangas qui donnent une idée précise du quotidien du Japon des années 70 et qui a complètement disparu : le pays était en pleine construction immobilière, les terrains vagues étaient légion, les maisons en bois omniprésentes etc etc; pour les amoureux du Japon, ces mangas sont une mine d'or d'informations
Les -
- très peu d'illustrations et, les rares existantes, sont de petite taille
- le narrateur occupait un poste peu connu des lecteurs de mangas, celui de rédacteur en chef d'un magazine de prépublication. Son travail n'est pas forcément celui qui excite le plus amateurs; les mémoires d'un mangaka comme Go Nagaï ou Akira Toriyama auraient déclenché un tsunami sur le web français; là, j'ai peu entendu parlé de ce livre
Je termine par deux anecdotes :
- il nous explique comment différencier un gekiga (manga pour hommes) d'un shonen (manga pour garçon) : si les yeux sont petits et fins, c'est un gekiga, s'ils sont grands et ronds c'est un shonen
- "la clef de la longévité de City Hunter se trouve certainement dans les érections à répétitions de Ryô Saeba"
En résumé : ce livre est très intéressant, c'est le témoignage d'une époque aujourd'hui révolue, racontée par un homme qui a énormément de choses à partager. Mais il ne s'adresse pas à tous les publics, l'ouvrage a dû passionner les japonais mais les français seront moins sensibles au parcours et aux histoires de Hiroki Gotô.
Couverture et 4ème de couverture
Sommaire
Table des matières
Exemples de contenu
Tableau de synthèse des mangas au Japon et de Jump, de 1968 à 1996
Couverture du numéro 1 de Jump, datée du premier août 1968.