26 février 2009
Setsuko HARA : son premier grand rôle dans La fille du samouraï de 1937
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Setsuko Hara, la grande dame du cinéma japonais des années 50, la muse d'Ozu, "l'éternelle vierge"... cette actrice a marqué de façon indélébile le cinéma de son pays et en fut la plus belle ambassadrice. La carrière de cette actrice commence en 1935 avec le film "Tamerau nakare wakodo yo" connu internationalement sous le titre "Don't Hesitate, Young Folks" de Tetsu Taguchi et se termine en 1962 avec "Chushingura" de Hiroshi Inagaki sur l'histoire fameuse des 47 ronins.
Attention, la page de Setsuko Hara sur l'IMDB comporte deux films en 1966 mais il s'agit d'erreurs (http://www.imdb.com/name/nm0361697/); je vous conseille plutôt la page de JMDB, le pendant japonais de IMDB à l'adresse http://www.jmdb.ne.jp/person/p0097240.htm (ne pas tenir compte de la référence de 1989 Tôkyô ga qui est un documentaire de Wim Wenders mais où Setsuko Hara n'apparait pas).
Le propos de cet article n'est pas de retracer sa carrière, d'autres l'ont fait mieux que moi mais de vous donner des photos et extraits du premier film où elle a eu un rôle important, "Atarashiki tsuchi" connu sous les multiples titres "La fille du samouraï", "Die Liebe der Mitsu", "Die Tochter des Samurai", "The New Earth" et aussi "The New Soil"... Ce film était une coproduction germano-japonaise réalisée par Arnold Fank où elle incarne la jeune Misuko Yamato. Setsuko Hara étant née le 17 juin 1920, elle a 17 ans dans ce film; jeune certes mais déjà très prometteuse.
A ma connaissance ce film n'existe ni en versions française ni anglaise mais seulement en japonaise et allemande, ce qui m'est difficile pour en comprendre l'intrigue. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de le voir, ce film fait très exotique avec plusieurs scènes sur le Sumo, le Kendo, l'Ikebana, le grand Bouddha de Kamakura et les geishas ... n'oublions pas qu'il a été tourné avant guerre et que l'extrême orient faisait déjà réver.
Setsuko Hara à Berlin, en 1937, lors d'un voyage en Europe pour la promotion du film. Elle est superbe en kimono et détonne dans la rue allemande. Source : http://vermillionandonenights.blogspot.com/2011/08/nobuko-rides-on-cloud.html.
Setsuko Hara est déjà pleine de charme à 17 ans, son sourire est radieux, ses grands yeux mangent son visage, elle est enjouée et met beaucoup de conviction et de grâce dans son premier grand rôle.
Ce sourire va conquérir des millions de fans!
Jolie vue pour ce film très exotique
L'actrice allemande du film, Ruth Eweler, qui a le premier rôle
La première apparition de Setsuko Hara dans le film.
Un joli kimono pour cette adolescente de 17 ans!
http://www.youtube.com/watch?v=-kJuzhb8xlE
Tir à l'arc, Ikebana, exercice au sabre...
http://www.youtube.com/watch?v=wxGGOA01iQY
Apprenez à manger avec des baguettes avec Setsuko :-)
http://www.youtube.com/watch?v=Kxtnu6EQvdc
13 décembre 2008
Grains de sable, film avec Ayumi Hamasaki
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Une nouvelle édition du DVD, datant de 2010, à privilégier car l'image et le son ont été remasterisés
Grains de sable (Nagisa no Shindobaddo) est un film japonais réalisé en 1995 par Ryosuke Hashiguchi avec la jeune Ayumi Hamasaki, âgée de seulement 17 ans (c'est le seul film avec Ayumi Hamasaki distribué en France et disponible en DVD). L'histoire tient en quelques mots : Ito, jeune lycéen, est amoureux de son ami Yoshida qui lui balance plutôt entre Shimizu, une élève modèle, et Aihara, nana asociale jouée par Ayumi Hamasaki. Le film dure deux heures, raconte la vie de tous les jours de ces adolescents, leurs premiers émois amoureux, leur difficulté à communiquer, les rivalités entre personnes... sur un ton léger, tout en finesse, sans pathos ni vulgarité
La bonne surprise de ce film est justement Ayumi Hamasaki qui a un excellent jeu d'acteur, se débrouille plus que bien dans un rôle exigeant, celui d'une élève en marge de ses camarades, au caractère apparemment de petite peste mais qui cache un lourd secret. Ne vous y trompez pas, elle n'occupe pas un simple second role mais partage le premier avec Ito. Elle est d'ailleurs à l'origine du dénouement d'une situation qui devenait de plus en plus complexe entre Ito, Yoshida et SHimizu. On regrette juste qu'elle n'ait pas plus de scènes tant elle est naturelle dans son jeu.
Avant d'être la chanteuse de JPop Number One au Japon, la nouvelle Queen of JPop après Namie Amuro, Ayumi fut en effet actrice dans des films et dramas avant d'abandonner cette carrière pour sa consacrer à la musique. Dommage diront certains car je suis intimement convaincu qu'elle avait un vrai avenir dans ce métier. Toutefois je vous préviens, vous aurez du mal à la reconnaître physiquement car entre ce film et 2008 se sont écoulées 13 années et il y a eu beaucoup d'opérations de chirurgie esthétique au compteur.
La mauvaise est la qualité du transfert du film avec une image ne faisant pas honneur à la technologie DVD. L'image est souvent granuleuse, avec des tâches ou griffures, des sous-titres blancs sur fond blanc (et donc illisibles), des couleurs délavées... bref il faut s'accrocher pour arriver au bout de ce film qui aurait mérité un meilleur traitement.
Les personnages
Un trio d'amis que les nanas vont séparer
Ito, de plus en plus attiré par les garçons et surtout par son ami Yoshida
Yoshida, le pivot du groupe, le mec bien sous tous rapports
Aihara, jouée par Ayumi Hamasaki, 17 ans, avec un visage bien différent de celui actuel
Shimizu, élève modèle, amoureuse de Yoshida... trop gentille
Quelques scènes du filmYoshida, réprimandant Aihara, pas assez attentive en cours de musique :-)
Ito, sur le point d'avouer son amour à Yoshida
La classe de nos héros, dans ce monde de l'adolescence où tout semblait si simple
Une sortie entre amis, où Aihara laisse enfin exprimer ses sentiments
Yoshida défendant Aihara, suspectée d'avoir volé un sac.
Ce geste heurte sa copine officielle qui comprend que Yoshida s'éloigne d'elle!Aihara, à la fin du film... le drame se dénoue, dans les larmes et la prise de conscience que l'enfance est finie.
04 août 2007
Namie Amuro - That's cunning! Shijo Saida no Sakusen?
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Le film That's cunning! Shijo Saida no Sakusen? réalisé en 1996 par Hiroshi Sugawara est surtout connu pour son actrice principale, à savoir la grande chanteuse namie Amuro, âgée de 19 ans à l'époque!
Namie Amuro y interprète le rôle de Yumi Morishita, étudiante en chimie à la Nippon Rika University. Le film commence par un examen où 6, 7 étudiants, visiblement des cancres, usent et abusent de stratagèmes parfois forts ingénieux pour tricher ( j'avoue avoir particulièrement apprécié leur inventivité ). L'un d'entre eux se fait malheureusement attraper et c'est le début des problèmes. Cet étudiant habite un petit dortoir sur le campus que veulent raser le principal et le directeur de chimie pour y construire un hôtel censé apporter la sécurité financière à l'université. Les étudiants qui y habitent sont, comme par hasard, les cancres ayant fraudé à l'examen. Devant l'opposition des étudiants et d'une partie du conseil d'administration, un marché est passé avec les étudiants par le directeur de l'université : le dortoir ne sera pas rasé s'ils obtiennent tous un A à toutes les matières!!!!! Autant dit que c'est mission impossible sans tricher à nouveau...
Honnêtement c'est un petit film gentillet racontant la vie d'étudiants et qui serait tombé dans l'oubli si Namie Amuro encore jeune ( seulement 19 ans ) n'y avait joué. Il se laisse regarder, Namie joue pas mal, elle est plaisante à voir, les personnages sont hauts en couleur et il y a quelques trouvailles rigolotes pour tricher :-)
Namiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie!
Namie en scooter
Namie avec ses loose socks
Ca lui donne un air sèrieux ses lunettes, non?
Etudiante en chimie, elle sera responsable de plusieurs explosions!
Les 7 étudiants du dortoir qui doit être détruit et qui tentent de pirater le système informatique de l'université pour changer leurs notes
Oui, c'est bien Namie Amuro louchant. Pour quelle raison? Regardez le film :-)
Le moment romantique du film avec force couleur orange et coucher de soleil
Une façon de tricher
Une autre façon de tricher
Lui, il s'est fait attraper!
Le prof de chimie qui veut détruire le dortoir
En plus il a des vues sur Namie, grrrrrrrrrrrrrrrrrrrr mais il s'en sortira pas comme ça!
Deux profs de chimie huluberlus, qui viendront en aide à nos amis
Dur dur de retrouver un document passé au broyeur
Là, il faut reconnaître que Namie est magnifique
L'examen final, moment de tous les dangers
21 avril 2007
Yûkoku, Patriotisme, Rites d'amour et de mort, le film de Yukio Mishima
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Yûkoku - Patriotisme - Rites d'amour et de mort - 1966
Court métrage de 30 minutes, en noir et blanc, muet, avec inter-titres en japonais, anglais et français sur le DVD sorti en 2006
Produit, réalisé, écrit et interprété par Yukio Mishima
Avec Yukio Mishima et Yoshiko Tsuruoka
Production : Toho
Producteur associé Hiroaki Fujii, directeur associé Masaki Domoto
Photographié par Kimio Watanabe
Scénario : Yukio Mishima d’après son histoire Patriotisme publiée en 1961.
Musique : le Liebestod extrait du Tristan et Isolde de Richard Wagner.
Le film Yûkoku a longtemps été le Saint Graal de tout admirateur de Mishima. Il était en effet réputé perdu, sa femme ayant demandé la destruction de tous les négatifs et copies existantes et interdit la diffusion des copies restantes après le suicide de son mari. Cependant la Cinémathèque Française n'a jamais pu se résoudre à détruire sa copie et l'aurait projetée de façon confidentielle ces dernières années. On pensait donc que le film était perdu à jamais pour le grand public jusqu'à la mort de Yuko, la veuve de Mishima. Avec sa disparition et la découverte du négatif et un certain nombre de copies positives en 2005, le film est maintenant disponible en DVD depuis mi-2006 grâce à la maison d’édition japonaise Shinchosha. Pour les plus fortunés, il coûte 70 euros chez Junku http://www.junku.fr/fr/detail.php?id=7565.
Ce film est surtout connu pour préfigurer le suicide de Mishima par seppuku en novembre 1970 lors de l'échec de sa tentative de coup d'état avec sa milice d'auto-défense la Tate no Kai ( la société du bouclier ). Répétait-t-il ici son dernier acte, jouissait-il à l'avance de ce qui serait sa dernière grande création, le rêve de toute une vie?
Ce court-métrage de 30 minutes en noir et blanc, réalisé en deux jours seulement, unique réalisation de Mishima, relate la dernière journée du Lieutenant Shinji Takeyama et de son épouse Reiko. N’ayant pu participer au coup d’état du 26 février 1936 mené par des officiers à Tôkyô, et se considérant de ce fait déshonoré, Takeyama décide d’en finir honorablement en se faisant seppuku ( harakiri ). Son épouse le suivra peu après dans la mort. Mishima joue lui-même le rôle du lieutenant Takeyama Shinji!
Si mes souvenirs sont bons, Yûkoku a été projeté à Tours du vivant de l'auteur et aurait provoqué l'évanouissement de plusieurs spectateurs, créant ainsi tout une légende sur ce film. Au Japon Yûkoku sera projeté dans la salle « Sasori-za » du cinéma Shinjuku Bunka et le succès public sera au rendez-vous.
Yukoku est du théâtre filmé, l'unique décor étant d'ailleurs une scène de théâtre Nô, dépouillée comme il se doit. C'est un court métrage à l'esthétique bien particulière : noir et blanc, muet, longs plans fixes, gestes lents, aucun dialogue entre les deux acteurs, quelques cartons inter-séquences expliquant ce qui se passe, suicide par harakiri montré en gros plan... la scène où Mishima s'ouvre le ventre est impressionnante de réalisme et très sanglante.
La première scène, l'épouse attendant son mari
Le retour du lieutenant chez lui, dans un uniforme du plus bel effet
Le lieutenant, se décidant au suicide
La dernière nuit d'amour entre les deux époux
Les yeux de Mishima; on verra très peu son visage dans le film
Les yeux de sa femme
Les instruments du crime et du désir
Mishima, presque nu, avec son sabre
La séquence est très sanglante
Le kimono de Reiko, tâché de sang
Reiko, prête à se suicider
Le dernier plan, les deux amoureux réunis dans la mort
Voici un extrait du film Yûkoku, le suicide de Mishima par seppuku
http://www.youtube.com/watch?v=z2j_667LG24
[AJOUT 04/01/2009]
ENFIN, le film de Mishima est ENFIN disponible en DVD et en édition française (pour les intertitres). C'est le studio Montparnasse qui a sorti le DVD en Novembre 2008 contenant le film, la nouvelle dans un recueil de 127 pages, un superbe livret de 30 pages ainsi qu'un entretien entre Mishima et Jean-Claude Courdy de 1966 (où Mishima s'exprime dans un bon français).
Excellente surprise pour cette fin d'année :-)
De beaux portraits de Mishima ici http://medeeenfurie.com/blog/2011/02/03/test-1-photo-1/
01 avril 2007
Tora San : CD des chansons des films
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En avril 1997 je voyage pour la première fois à Tôkyô; grands souvenirs :-) Un jour, dans le quartier de Roppongi, en me baladant dans un magasin de musique, je découvre un double CD sur les chansons des films de la célébrissime série Tora San. Cette série au cinéma, 47 films en 26 ans, de 1969 à 1996, raconte l'histoire d'un vagabond excentrique, débrouillard, toujours de bonne humeur, subsistant comme marchand ambulant. Tora san, orphelin depuis son enfance, est gaffeur et immature au possible mais débordant de bonne volonté pour aider son prochain. Dommage que ce qu'il entreprend finisse toujours en catastrophe :-) La majeure partie des films sont réalisés par Yôji Yamada avec l'acteur Kiyoshi Atsumi dans le rôle principal. On notera que le rôle du bonze du quartier de Tora san est interprété par l'excellent Chishû Ryû, l'acteur fétiche d'Ozu!!!!!
La K7 française sortie en mars 1998 du premier film de la série dans la collection "Les films de ma vie"
Version US et DVD du premier film
Ce disque date du 21/11/1996 et est distribué par Nippon Crown. Il comporte 33 chansons interprétées par l'acteur Kiyoshi Atsumi. Voici le livret de ce CD scanné ainsi que des liens vers quelques chansons pour vous faire découvrir ce style musical que j'adore, empreint de beaucoup de tristesse retenue et de nostalgie .
La couverture du CD avec Kiyoshi Atsumi, l'interprète du rôle Torajiro Kuruma de 1969 à 1995. Il est mort en 1996.
Le livret page par page avec en japonais les paroles des chansons
Liste des chansons du CD1
Liste des chansons du CD2
Les paroles des chansons :-)
Le dos du livret
Partie multimédia ( utiliser Internet Explorer si le lecteur audio n'apparait pas )
J'espère que vous apprécierez ces superbes chansons :-)
CD1 chanson 01
CD1 chanson 03
CD1 chanson 07
CD1 chanson 08
CD2 chanson 13
24 mars 2007
OZU x 36 = l'intégrale à la maison de la culture du Japon
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Le catalogue de la rétrospective
La maison de la culture du Japon à Paris a organisé du 10 Février au 24 Mars 2007 une rétrospective sur l'intégrale des films de Yasujiro Ozu qui nous soit parvenus, soit 36 films sur un total de 54.
Même si je suis un grand fan de Ozu je n'y suis pas allé car beaucoup de ses films sont sortis en DVD ( un grand merci à l'éditeur Carlotta ), même certains très anciens des années 30 et je m'estime rassasié pour pas mal de temps :-) En revanche j'ai acheté le catalogue du festival qui m'a semblé intéressant pour les fiches des films présentés, une biographie des jeunes années d'avant guerre de Ozu très intéressante car riche en infos que je n'ai pas trouvées ailleurs. Ce catalogue ne coûte que 5 euros, ne passez pas à côté!
La fiche de "J'ai été recalé, mais..."
29 juillet 2006
Chishû RYÛ, l'acteur fétiche d'OZU (1904 - 1993)
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Ryû Chishû et Setsuko Hara. Le père mariant sa fille, LE rôle de Ryû Chishû
Ryû Chishû est un monument du cinéma japonais, sa filmographie couvre presque 65 ans, de "Rêves de jeunesse" (1928), le deuxième film de Ozu, au 45ème film de la série des Tora san en 1992. Durant cette période il est apparu dans au moins 155 films, dont le célébrissime "Voyage à Tôkyô" d'Ozu (1953). D'autres réalisateurs l'auront employé, comme Kinoshita avec "Carmen revient au pays" (1951) et "Les 24 prunelles" (1954), Kurosawa pour "Les salauds dorment en paix", "Barberousse" (1965) et "Rêves" (1990). Il a également participé à la fameuse série des "Tora San" où il jouait le rôle d'un prêtre et ce du premier épisode en 1969 jusqu'au 45ème en 1992 (soit 23 ans quand même).
Sa filmographie en français est disponible à l'adresse http://french.imdb.com/name/nm0753479/. On y lit que son premier film en tant qu'acteur date de 1928 mais dans une interview il avoue avoir débuté dans le monde du cinéma en 1925; était-ce comme simple figurant? Je n'ai pas trouvé plus d'infos à ce sujet.
Ses 5 premiers films
1930 Sono yo no tsuma (L'épouse de la nuit)
1929 Gakusei romance: Wakaki hi (Jours de jeunesse)
1928 Nikutaibi (Un corps magnifique)
1928 Hikkoshi fufu (Un couple déménage)
1928 Wakodo no yume (Rêves de jeunesse) (à ne pas confondre avec le film "Où sont les rêves de jeunesse?" sorti récemment en DVD chez Carlotta et qui est le 25ème film de Ozu).
Notez que son premier film, "Rêves de jeunesse" (1928), est le second réalisé par Ozu.
Ses 6 derniers films
1992 Otoko wa tsurai yo: Torajiro no seishun (Tora-san 45)
1992 Hikarigoke (Shiny Moss)
1991 Otoko wa tsurai yo: Torajiro no kokuhaku (Tora-san 44)
1991 Bis ans Ende der Welt (Jusqu'au bout du monde)
1990 Otoko wa tsurai yo: Torajiro no kyuujitsu (Tora-san 43)
1990 Yume (Rêves) de Kurosawa
Quelques images de "Voyage à Tôkyô", le chef-d'oeuvre qui aura révélé Ozu et Ryû Chishû au reste du monde
Un retraité va passer quelques jours à la capitale avec sa femme et rendre visite à ses enfants
Un homme simple, qui savoure l'instant présent
Après ce voyage, le vieil homme, fatigué et résigné, va attendre paisiblement la mort
Ryû Chishû est né le 13 mai 1904 à Kumamoto et mort à 89 ans le 16 mars 1993 à Yokohama, des suites d'un cancer. Ryû est son nom de famille, Chishû son prénom. Il est connu des cinéphiles du monde entier comme l'acteur fétiche d'Ozu, son alter-ego, ayant joué dans la quasi-totalité de ses films et dans bon nombre de chefs-d'oeuvre; conséquence fâcheuse, cela a rejeté dans l'ombre ses prestations avec d'autres réalisateurs. Il a longtemps habité Ofuna, la ville où la Shochiku avait ses studios et où Ozu a tourné ses films. Pour l'anecdote, il se destinait à une carrière de prêtre à l'origine et non pas à faire l'acteur.
Cet acteur jouera souvent le même rôle dans les films de Ozu; à quelques exceptions près, il sera un père veuf, cherchant à marier sa fille ou bien se séparant de son fils (Printemps tardif, Crépuscule à Tôkyô, Il était un père...) et devant dorénavant vivre seul. Il aura souvent interprêté le rôle d'un homme beaucoup plus âgé que lui, même quand il était un débutant. Pendant 20 ans, de 1942 (Il était un père) à 1962 (Le goût du saké), il incarnera un père vieillissant. Son personnage chez Ozu est souvent un employé effacé, résigné, subissant plus ou moins son destin, avec cette douce acceptation du temps qui passe et qui caractérise tout le cinéma de Ozu.
Ceux qui ont vu "Voyage à Tôkyô" se souviennent de sa déception vis à vis de ce voyage dans la capitale et de l'attitude de ses enfants qui le considèrent maintenant comme une gêne. Néanmoins il comprend, il accepte son sort, il pense que les choses sont ainsi et qu'il est inutile de se battre contre son destin. Il est le japonais d'après-guerre, pétri de valeurs comme le sacrifice des désirs personnels au profit de la société et de l'entreprise, le respect des convenances sociales, un rapport intime avec la nature... Ses personnages chez Ozu sont aussi pleins de mélancolie, capables de contemplation, restant de longs moments inactifs, absorbés par une pensée, un paysage...
Avec Setsuko Hara, l'égérie de Ozu, il aura marqué le second âge d'or du cinéma japonais, celui des années 50.
Le goût du saké
Ses personnages sont aussi des bons vivants, fréquentant assidument les bars
Le goût du saké
Employé effacé, conscencieux; le rôle par exemple réservé à Ryû Chishû
Dans une interview publiée dans le numéro 203 de Positif de Mars 1978, on apprends qu'il a débuté dans le monde du cinéma en 1925, soit 2 ans avant qu'Ozu ne réalise son premier film et a participé à pratiquement tous ses films. Ozu lui proposera toujours un emploi dans ses films, que ce soit le rôle principal, un second rôle ou de la figuration, signe de la confiance et de la fusion entre le réalisateur et l'acteur.
Ryû Chishû était-il un grand acteur? Il dit qu'Ozu refaisait faire les mêmes prises entre 20 et 30 fois, pour éliminer chez ses acteurs toute touche personnelle, toute interprétation du rôle et ainsi amener ses acteurs à exécuter des gestes d'automates. Ozu avait selon lui la totalité du film dans sa tête, jusqu'au moindre geste de ses acteurs et il ne voulait surtout pas que ceux-ci apportent une quelconque originalité dans leur jeu, d'où ce nombre impressionnant de prises. Ceci semblait convenir à Ryû Chishû puisqu'il se considérait comme un piètre acteur et que ses prestations à l'écran, une fois le film monté, lui semblaient toujours supèrieures à ses impressions lors du tournage.
Voici ses propres paroles sur sa qualité d'acteur : "Comme ma maladresse était bien connue dans la compagnie, lorsque mon tour arrivait sur le plateau, l'équipe éteignait les lumières et s'en allait. Monsieur Ozu et moi restions seuls et il me faisait répéter inlassablement, me donnant toutes sortes de conseils jusqu'à ce que finalement j'arrive plus ou moins à faire ce que l'on attendait de moi. Et même ainsi les derniers plans n'étaient toujours pas réussis. J'étais, bien sur, déçu et craignais qu'il ne m'emploie plus jamais mais, à ma grande surprise, il me choisissait pour son film suivant. Je ne saurais trop le remercier de cette considération pour quelqu'un que, je pense, aucun autre metteur en scène n'aurait utilisé à cause de sa maladresse."
Numéro 204 de l'Avant scène cinéma de Mars 1978
avec Ryû Chishû en couverture suite à la découverte en France de "Voyage à Tôkyô"
Ozu ne l'aurait-il pas choisi justement parce qu' "il était un très mauvais acteur" et ainsi pouvait le faire jouer selon ses indications? Ryû Chishû dira souvent qu'il n'était qu'un tube de peinture qu'Ozu utilisait pour dessiner ses tableaux à l'écran, que tout le mérite du succès des films revenait au réalisateur. Dans son interview accordée à Max Tessier et retranscrite dans le N° 204 de l'Avant scène cinéma de Mars 1978, il précise : "Une fois j'ai entendu Ozu dire : "Ryû n'est pas un acteur adroit - c'est pourquoi je l'utilise". Et c'est la vérité."
Néanmoins Ryû Chishû était capable à 30 ans de jouer aussi bien des jeunes hommes que des hommes âgés, ce qui dénote un vrai talent d'acteur. Dans "Daigaku Yoitoko" (Le collège est un endroit agréable, 1936) il joue un étudiant alors qu'il a 32 ans et dans le film suivant "Hitori Musuko" (Le fils unique de 1936 aussi) il interprète un homme âgé. C'est à cette occasion que Ozu le maquillera pour la première fois en vieillard et fera de Ryû Chishû LE personnage que nous connaissons tous. N'oublions pas non plus qu'avec d'autres réalisateurs il aura l'occasion de jouer des rôles bien éloignés de ses compositions habituelles d'avec Ozu; même s'il ne se trouvait pas bon acteur, ses 155 films sont là pour nous prouver le contraire.
Quelques captures de films de sa jeunesse où il interprète vraiment de jeunes hommes!
Où sont les rêves de jeunesse? (1932 - 28 ans)
Où sont les rêves de jeunesse? (1932 - 28 ans)
Titre et année de réalisation inconnus
Titre et année de réalisation inconnus
Maintenant des images de films où il est plus âgé
Eté précoce (1951 - 47 ans)
Un des rares films d'Ozu où il incarne vraiment un personnage ayant son âge, voir plus jeune. On remarquera que dans ce film il n'est pas le père de famille mais le fils aîné.
Carmen revient au pays (1951 - 47 ans) - Il interprète un instituteur déclamant des poèmes à la montagne du village :-)
Rêves (1990 - 86 ans), un de ses derniers rôles. Difficile de le reconnaître avec son chapeau et sa barbe.
Une fois et une seule je l'ai vu s'énerver, c'était dans "Carmen revient au pays" de Kinoshita. Il incarne un instituteur qui, furieux, fera une prise de judo à une autre personne. Là, j'avoue, ne le connaissant que par les films de Ozu, ma mâchoire s'est décrochée car ça rompait totalement avec l'image que j'avais du personnage :-)
Voici trois captures écran avec son nom en kanjis. Vous noterez l'âge du personnage qu'il joue et son âge véritable lors de la réalisation (je les ai classées du personnage le plus jeune au plus ancien).
Eté précoce (1951 - Age : 47 ans)
Le goût du saké (1962 - Age : 58 ans)
Voyage à Tôkyô (1953 - Age : 49 ans)
On remarquera qu'il parait beaucoup plus âgé dans "Voyage à Tôkyô" que dans "Le goût du saké" alors que dix ans séparent les deux films. Notons également que deux ans seulement séparent "Eté précoce" de "Voyage à Tôkyô" alors que Ryû Chishû semble avoir trente ans de plus dans ce dernier film. Il était vraiment doué pour incarné les hommes âgés!
Dans le magnifique film "Fleurs d'équinoxe" de Ozu de 1958, il récite un poème du samourai Masatsura Kusunoki. Lorsque je l'ai entendu la première fois, mon coeur a fondu devant tant de nostalgie, de tristesse retenue, j'étais au bord des larmes; ce passage reste pour moi l'un des plus forts des films de Ozu et certainement le souvenir que je garderai de Ryû Chishû.
Ryû Chishû, commençant sa récitation
Le voici tel que traduit dans le coffret 6 DVD paru en 2004 :
Les préceptes de mon père sont gravés dans mon cœur,
je suivrai fidèlement l'édit de l'Empereur.
Dix années de patience et l'heure a enfin sonné.
Frappe d'un coup puissant, fait fuir l'ennemi apeuré.
Pour la cause de l'Empereur, nous luttons maintenant.
Nous battre et mourir en hommes,
Nous en faisons le serment.
Nous, 143 compagnons de guerre,
Unis comme un seul homme,
Déterminés à lutter jusqu'à la victoire,
Oui nous le sommes.
En mourant, les héros se gagnent
Une gloire immortelle,
Les lâches souffrent
Une honte éternelle.
Avec la pointe de nos flèches,
Nous gravons notre histoire.
Les lames de nos épées
Etincellent dans le soir.
Contre l'ennemi qui s'approche,
Marchons d'un pas égal.
Sus à leur Général, donnons lui le coup fatal .
Quelques minutes après, un autre poême tout aussi mélancolique :
A Sakura, les arbres sont tous en feuilles.
Au crépuscule, peines et douleurs se cueillent.
Les guerriers se demandent où va donc le monde.
Etincelant sous l'armure, des larmes ou la rosée tombent.
Pour l'écouter parler de sa carrière, voici deux excellents documentaires, disponibles en français en plus!
"Tôkyô Ga" de Wim Wenders, de 1985, où cet acteur évoque longuement Ozu; on le verra notamment se recueillir sur la tombe du cinéaste à Kita-Kamakura.
Ryû Chishû, se rendant sur la tombe de Ozu, se fait aborder par des admiratrices pour son rôle de prêtre dans la série des Tora-San
Devant la tombe de Ozu, à Kita Kamakura
La vidéo http://www.youtube.com/watch?v=4EHvEYNssUg
"Chishu Ryû, l'acteur fétiche (45mn11)", documentaire réalisé en 1988, sur le DVD "Il était un père".
84 ans et le visage de la sérénité
La destruction des anciens studios de la Shochiku à Ofuna où Ozu tourna tant de chefs-d'oeuvre
Ryû Chishû, devant les ruines des studios de la Shochiku
Etrange rencontre :-)
Dans les nouveaux studios de la Shochiku, Ryû Chishû se regarde sur une photo du célèbre "Voyage à Tôkyô"
Même si j'ai mentionné que dans les films d'Ozu Ryû Chishû était souvent un être serein, acceptant son destin même difficile, il montrera quand même dans le film "Le goût du saké" son immense tristesse après le mariage et le départ de sa fille.
Avec l'alcool la tristesse vient tout doucement
En larmes devant sa solitude
Preuve s'il en était encore besoin de la célébrité de Ryû Chishû dans le Japon moderne, c'est lui qui fait la couverture de "Gaijin Story", recueils de portraits de personnalités de l'archipel. Cette photo a été prise peu de temps avant son décés. Livre publié en 1995.
12 juin 2005
Yasujiro OZU et le kanji mu ( le vide, le néant )
Notes liées dans mon blog : Liste articles cinéma japonais
Dans les années 90 j'ai visionné beaucoup de films de Ozu. Il s'en dégageait une telle sérénité que je me sentais moi même apaisé en les regardant. Je traversais alors une période difficile, déprimante, où mon seul rayon de soleil était le Japon.
J'ai ensuite beaucoup lu sur ce grand réalisateur et, parmi beaucoup de points passionnants, l'un m'a particulièrement intrigué. Il s'agit du kanji ( idéogramme chinois ) gravé sur sa tombe, à Kita-Kamakura, dans le temple Engaku. Ce kanji se prononce mu et il signifie le Vide, le Néant. Attention cependant à ne pas y voir la connotation négative occidentale d'absence, de disparition mais un sens bien plus positif, oriental, qui est l'idée de faire un avec l'univers, de se fondre dans ce qui nous entoure. Difficile en effet d'imaginer un homme si humaniste, si amoureux de la vie portant pour l'éternité un symbole négatif sur sa pierre tombale.
Voulant en savoir plus sur ce fameux caractère mu, sa signification, son origine, voici les indices que j'ai recueillis ces dernières années.
"Formes de l'impermanence, le style de Yasujiro Ozu" de Youssef Ishaghpour chez "De parti pris, Yellow now"
Ozu a fait graver sur sa tombe mu, Rien, le mot fondamental de la pensée zen."
"OZU" de Donald Ritchie chez "Lettre du blanc"
"Sa tombe est gravée du seul caractère mu - un concept esthétique, un terme philosophique que l'on traduit généralement par "vide" ou "vacuité".
"Tokyo ga" Documentaire de Wim Wenders
"La tombe de Ozu ne porte pas de nom mais seulement un signe chinois ancien, mu, qui signifie le vide, rien."
Dans mes dictionnaires de japonais, mu est traduit par "rien, néant, négation, sans, ne pas être".
C'est en 1938 que Ozu, lors de son service militaire, demanda à un moine chinois de lui peindre ce caractère mu. Sur le site en anglais http://www.easterwood.org/ozu/062103exhibit/kamakuraexhibit2.html on trouve la copie d'un livret d'exposition consacré à Ozu avec ce fameux kanji, celui-là même qui fut dessiné par le moine chinois et qu'Ozu garda jusqu'à sa mort. On remarquera l'aspect calligraphié trés différent du kanji dessiné dans les dictionnaire, lui même encore différent du kanji représenté sur la tombe de Ozu.
Le dessin du moine chinois.
Le kanji mu, tel qu'il apparait dans les dictionnaires.
En Avril 1997, lors de mon premier voyage au Japon, je me suis bien sur recueilli sur sa tombe, en voici quelques photos.
C'est le même kanji que plus haut, mais sous une calligraphie encore différente.
Tokyo Ga de Wim Wenders.
Ryu Chishu se recueillant sur la tombe de Ozu.
De retour en France j'avais envie de me faire un tatouage sur la poitrine avec ce caractère tellement ce pays m'a profondément marqué. J'ai pourtant attendu sept longues années avant de franchir le pas, fin 2004, pour être sur et certain de vouloir être marqué à vie. Les films de Ozu condensent de façon dépouillée mes goûts, mon sens de la beauté, il a su cent fois mieux que moi exprimer ma vision du monde, c'est pourquoi je tenais à porter en moi le même signe.
Mon tatouage ( j'en suis très fier :-) )
Le Mono no aware
Dans plusieurs livres consacré à Ozu comme "Ozu Yasujiro" de Shiguhiko Hasumi" mais aussi dans le livre de Donald Ritchie on mentionne surtout le Mono no aware comme concept représentant la philosophie de ses films.
"OZU" de Donald Ritchie chez "Lettre du blanc"
"Les textes fondamentaux du Zen font de l'acceptation et de la transcendance du monde le point nodal de l'art de vivre qu'ils proposent, tandis que l'art narratif japonais traditionnel célèbre le monde tout en y renonçant. De nos jours on emploie souvent le terme mono no aware pour décrire cet état d'esprit ou, selon le mot de Tamako Niwa "la tristesse sereine" qui nous envahit à la vue du monde. On l'utilise également pour décrire l'acceptation tranquille d'un monde en transition, le plaisir innocent et éphémère goûté à l'activité quotidienne ou encore le contentement procuré par la précarité de sa propre existence."
Les deux termes sont bien sur complémentaires pour décrire la philosophie de Ozu, c'est pourquoi je ne pouvais parler de mu sans le mono no aware.
MISE A JOUR 2010
En avril 2010 je suis allé trois semaines à Tôkyô et, bien sur, je me suis rendu à Kamakura me recueillir sur la tombe du maître.
08 mai 2005
Yasujiro OZU, Chishû RYÛ et poèmes
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Dans le magnifique film "Fleurs d'équinoxe" de Yasujiro Ozu, son acteur fétiche Chishû Ryû récite un poème du samouraï Masatsura Kusunoki. Lorsque je l'ai entendu la première fois, mon cœur a fondu devant tant de nostalgie, de tristesse retenue, j'étais au bord des larmes; ce passage reste pour moi l'un des plus forts des films de Ozu.
Chishu Ryu, commençant sa récitation
Le voici tel que traduit dans le coffret 6 DVD paru l'an passé :
Les préceptes de mon père sont gravés dans mon cœur,
je suivrai fidèlement l'édit de l'Empereur.
Dix années de patience et l'heure a enfin sonné.
Frappe d'un coup puissant, fait fuir l'ennemi apeuré.
Pour la cause de l'Empereur, nous luttons maintenant.
Nous battre et mourir en hommes,
Nous en faisons le serment.
Nous, 143 compagnons de guerre,
Unis comme un seul homme,
Déterminés à lutter jusqu'à la victoire,
Oui nous le sommes.
En mourant, les héros se gagnent
Une gloire immortelle,
Les lâches souffrent
Une honte éternelle.
Avec la pointe de nos flèches,
Nous gravons notre histoire.
Les lames de nos épées
Étincellent dans le soir.
Contre l'ennemi qui s'approche,
Marchons d'un pas égal.
Sus à leur Général, donnons lui le coup fatal .
La vidéo sur Youtube!
http://www.youtube.com/watch?v=3Q0Tz6fBeqw
Quelques minutes après, un autre poème :
A Sakura, les arbres sont tous en feuilles.
Au crépuscule, peines et douleurs se cueillent.
Les guerriers se demandent où va donc le monde.
Étincelant sous l'armure, des larmes ou la rosée tombent.
La vidéo sur Youtube!
http://www.youtube.com/watch?v=wzYmXKt270w
Voici cette fois le dernier poême de Ozu, celui qu'il écrivit peu avant sa mort. Il s'agit de la traduction de l'excellent livre de Max teissier "Images du cinéma japonais" :
Sous le ciel, le printemps est tout en fleurs.
Les cerisiers sont merveilleux.
Ici, je me sens distrait et songe au goût du "samma".
Les fleurs de cerisiers sont fripées comme des chiffons.
Le saké est amer comme un insecte.
Voici celle, légèrement différente, lue en 1997, sur un coffret Laser Disc de la FNAC :
Sous le ciel, le printemps est tout en fleurs.
Les cerisiers sont en bourgeons.
Je me sens vague et je songe au goût du poisson.
Les fleurs sont fripées comme des chiffons.
Et le saké est amer comme un insecte.
"Peu de temps après Ozu mourut et sa légende naquit" peut-on lire dans le livre de Max Teissier.
Ozu est, de loin, le cinéaste que j'aime le plus, celui qui me fait voyager en moi, submergé d'émotions provoquées par ses films. Certains ont dit qu'il était le cinéaste du Mono no aware, la fameuse contemplation du monde, la douce acceptation des choses, du temps qui passe, de la vie qui s'en va... Que de la tristesse, que de la nostalgie mais aussi infiniment de douceur. Lors de mon premier voyage à Tokyo, en avril 1997, le soir, à la lueur des lumières de la ville, je me promenais dans ces ruelles qu'il semblait tant affectionner. J'étais dans ses quartiers, dans des ruelles semblables et j'étais tellement, tellement en paix avec moi même, si serein...
Merci Ozu sama pour tout le plaisir que vous m'avez donné.